Un patient de 63 ans décède après avoir été léché par son chien!

Des auteurs allemands publient le cas d’un patient âgé de 63 ans, immunocompétent, décédé d’un choc septique avec purpura fulminans après avoir été léché par son chien. Un cas très particulier qui devrait faire réfléchir ...

Aucun doute que les morsures de chien ou de chat ou d’homme amènent leurs lots de bactéries dans la blessure, mais le cas de cet Allemand de 63 ans est très particulier. LEuropean Journal of Case Reports in Internal Medicine fait, en effet, état d’un cas qui pourrait faire date dans les annales. Il s’agit de celui d’un Brêmois de 63 ans qui se présente avec des symptômes pseudo-grippaux depuis trois jours. Cette personne dit aussi souffrir de difficultés respiratoires ce que confirme l’examen clinique. 

Une grippe ?

Le jour avant de se présenter aux urgences, il a développé des pétéchies sur le visage. Il présente également une dysesthésie dans le membre inférieur droit et des myalgies touchant toutes les extrémités. Il n’a pas subi d’intervention récente ni d’hospitalisations durant ces derniers mois. A l’examen clinique, en plus des pétéchies, les médecins découvrent des ecchymoses sur les membres inférieurs, mais aucune blessure ouverte. Le patient raconte qu’il a un chien et qui comme tous les chiens lèchent. Il précise qu’il n’a jamais été mordu… c’est un bon chien ! 

Le patient est conscient, mais fiévreux (39°C). Son rythme respiratoire atteint facilement 36/min. Toutefois il est hypoxique avec un taux de saturation en O2 de 70%. Il est aussi anurique et hémodynamiquement stable. Les médecins à son chevet pensent à une méningite, mais il n’en présente aucun symptôme ni aucun signe : pas de maux de tête, de raideur nucale, etc. Les paramètres biologiques révèlent des anomalies : une CRP à 205 mg/L, une thrombocytopénie, une lymphocytopénie (il est pourtant immunocompétent…). Le temps de thromboplastine partielle est supérieur à 3 minutes et l’INR atteint 3,51. Rapidement, le patient développe une insuffisance rénale aigüe et une dysfonction hépatique. Le taux de CPK est de 1556 UI/L !

Vite, plus vite !

A ce stade, les urgentistes réfèrent le patient en soins intensifs où un traitement antibiotique à large spectre est prescrit en attendant les résultats du laboratoire de bactériologie. Les médecins suspectent plusieurs germes communs, mais aussi une leptospirose. 

L’état du patient se détériore dans les 30 heures suivantes avec apparition d’une encéphalite et d’un ileus paralytique. Les défaillances rénales et hépatiques progressent et il subit un arrêt cardiaque, duquel il réchappe grâce à l’intervention de l’équipe médicale. Il est hypotendu. Une hémodialyse est entreprise. 

Cave canem !

Au 4ème jour d’hospitalisation, les résultats de la bactériologie permettent de découvrir la coupable : Capnocytophaga  canimorsus. Il s’agit d’une bactérie Gram – que l’on dit fastidieuse, car elle a besoin d’un milieu bien spécifique pour se développer. C’est une bactérie commensale de la gueule des chiens et des chats. Les infections dues à cette bactérie sont rares et n’ont jamais été décrites sans morsure ou blessures chez des personnes immunocompétentes. Chez les immunodéprimés, les splénectomisés et les personnes dépendantes à l’alcool, elle peut être mortelle. Plusieurs cas dans la littérature parlent de cas graves voire mortels. Ici, le patient allemand, malheureusement, décèdera après 16 jours de traitement ayant développé un œdème cérébral sévère. 

Les auteurs tiennent à souligner l’importance de leur cas qui est exemplatif et pourrait servir de « drapeau rouge » au cas où un patient présenterait un purpura fulminans même (et surtout) en l’absence d’une blessure due à un animal. Dans ce cas, les auteurs estiment qu’il est légitime et même salvateur de débuter un traitement empirique associant une pénicilline et un inhibiteur de bêta-lactamases. 

Being Licked by a Dog Can Be Fatal: Capnocytophaga canimorsus Sepsis with Purpura Fulminans in an Immunocompetent Man

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Derniers commentaires

  • Yves Van Crombrugge

    11 décembre 2019

    Les zoonoses sont un fait établi, le risque est réel., même s'il est faible
    Par ailleurs la compagnie des animaux est très souvent un plus .
    Comme toujours, il faut garder la tête froide