Étudiants, professeurs, chercheurs et membres du personnel de l'Université de Liège se sont rassemblés mercredi midi place du Vingt-Août dans le cadre de la première mobilisation du mouvement "Université en colère" pour exprimer leur désarroi suite aux réformes envisagées par le gouvernement fédéral. Ils estiment aujourd'hui que l'université se trouve en danger face à ces attaques décrites comme "inouïes".
Selon divers représentants du mouvement, ces décisions, dont la réforme des pensions, entraîneront des pertes de revenus majeures pour l'ensemble du personnel allant jusqu'à 40% pour la pension des académiques.< /br>
Ils craignent aussi une détérioration de la qualité de l'enseignement et de la recherche, ainsi qu'une augmentation du minerval qui pourrait s'élever jusqu'à 4.500 euros. C'est donc l'attractivité de la carrière universitaire et la privatisation du savoir et de l'enseignement qui se situent au cœur des débats.
"L'université, tout comme la justice, la santé ou l'éducation, est un bien commun. Et ce bien commun est aujourd'hui en danger. Les réformes gouvernementales en cours menacent de manière inédite l'avenir de nos institutions publiques, en s'attaquant directement à leurs fondements", a notamment commenté Martine Evraud, représentante du personnel au conseil d'administration de l'ULiège. "En ce qui concerne les pensions, sous prétexte d'harmonisation des différents régimes, il s'agit d'aligner à la baisse, de raboter, et éventuellement de supprimer tout avantage pourtant légitimement acquis. Ces mesures vont porter atteinte à l'individu dans son quotidien, par exemple en obligeant des familles à faire le choix de renoncer à envoyer les enfants à l'université. La structure même de la société est aussi mise en danger par une perte de la solidarité et la privatisation de tous les biens communs", a-t-elle encore dénoncé.
Une position également défendue par la rectrice Anne-Sophie Nyssen, qui s'inquiète de voir des enseignants se détourner de l'institution: "il est de mes responsabilités de défendre l'université et ses trois missions de l'enseignement, de la recherche et de services à la communauté. Ces dernières sont aujourd'hui mises à mal par ces mesures annoncées de restriction budgétaire", a déclaré la rectrice.
Caroline Glorie, porte-parole scientifique du mouvement Université en colère, s'est, elle, attaquée directement au gouvernement fédéral, estimant "qu'il jouait la carte de l'austérité et de l'insécurité, alors que nous jouons la carte du service public et de l'enseignement accessible au plus grand nombre". "C'est cela qui est en jeu aujourd'hui: qui a droit à un enseignement de qualité selon le gouvernement ? La réforme des pensions fait peser une menace sur l'université qui devra prendra en charge une partie des coûts comme le pot maladie et l'allongement des carrières. Le risque est de voir le coût se déplacer du public vers le privé car la F&eacu te;dération Wallonie-Bruxelles ne saura pas prendre seule en charge ce définancement, d'où cette crainte pour l'indépendance pour la recherche", a-t-elle relevé.
Le mouvement, décrit comme inédit, rassemble les différents corps de l'université, à savoir les professeurs, les scientifiques, le personnel administratif, technique, ouvrier ainsi que les étudiants. D'autres actions sont envisagées prochainement.
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