Où l’on parle de chat, de furet, de lama, de sperme et de recommandations américaines (Revue de presse)

Entre articles parus dans les revues peer-reviewed, et les articles en prépublication, la littérature foisonne sur le coronavirus. C’est donc en toute subjectivité que nous vous présentons celles qui ont attiré notre attention eu cours des derniers jours.

Une atteinte manifeste de l’endothélium (1)
Plusieurs arguments ont fait penser depuis le début de la pandémie qu’une atteinte microvasculaire se développait chez les patients atteints de COVID-19, notamment parce que la mortalité de cette infection était plus importante en cas de comorbidité cardio-vasculaire mais aussi parce que le SARS-CoV-2 infecte l’organisme via les récepteurs à l’ACE2. Une équipe suisse s’est penchée sur la question et a formulé sur base de données autopsiques de 3 patients l’hypothèse que cette atteinte endothéliale se produit par deux mécanismes possibles, à savoir une activation de l’endothélium via l’orage cytokinique, ou une atteinte endothéliale directe par le virus. Mais celle-ci n’a été montrée que chez un patient et uniquement au niveau du rein (Figure 1).

Figure 1: Présence du virus au sein de l’endothélium

Les animaux domestiques et d'élevage sont-ils à risque? (2)
Plusieurs communications isolées ont fait l’objet de la ‘contamination’ de félidés par le coronavirus. La question restait de savoir comment la contamination s’était produite et de savoir si le virus peut toucher d’autres espèces animales, susceptibles de devenir à leur tour des réservoirs d’infection. Pour ce faire, une équipe vétérinaire chinoise a étudié la sensibilité des furets et des animaux en contact étroit avec les humains au SARS-CoV-2 et constaté que ce virus se reproduit mal chez les chiens, les porcs, les poulets et les canards, mais que les furets et les chats sont permissifs à l’infection, particulièrement les chats par le biais des gouttelettes en suspension dans l’air. Les chats pourraient même se contaminer entre eux par ces mêmes gouttelettes respiratoires. Cette équipe vétérinaire qui a également indiqué que le virus ne semble pas se transmettre de l’animal à l’homme. conclut avec optimisme que ces animaux pourraient servir de modèle pour l’évaluation d’antiviraux et de vaccins.

Des directives américaines en gastro-entérologie (3)
La société américaine de gastroentérologie (AGA) a publié sur son site des recommandations sur la prise en charge de symptômes gastro-intestinaux chez les patients suspects de COVID-19. On peut retenir que :

- chez les patients non hospitalisés atteints de diarrhée au début de l’infection, il faut vérifier l’existence de contacts à haut risque, obtenir des informations détaillées des symptômes associés au COVID-19, en ce compris la fièvre, la toux, l’essoufflement, les frissons, les douleurs musculaires, maux de tête, maux de gorge, ou une perte de goût ou d’odorat récente et interroger sur la présence d’autres symptômes gastro-intestinaux (nausée, vomissements, douleur abdominale).

- Chez les patients non hospitalisés présentant des symptômes gastro-intestinaux d’apparition récente (nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée), il faut surveiller la survenue de symptômes associés au COVID-19 car les symptômes gastro-intestinaux peuvent les précéder de quelques jours. Un test sera effectué dans les zones où la prévalence du COVID-19 est élevée.

- Chez les patients hospitalisés avec COVID-19 suspecté ou confirmé, il faut rechercher la présence de symptômes gastro-intestinaux, leur moment d’apparition, leurs caractéristiques, la durée et leur sévérité.

- Aucune étude ne permet de soutenir la recherche en pratique clinique courante du SARS-CoV-2 dans les selles pour le diagnostic ou la surveillance du COVID-19.

- Tous les patients (ambulatoires ou hospitalisés) avec perturbation des tests hépatiques dans un contexte de COVID-19 suspecté ou avéré, doivent se voir rechercher des étiologies alternatives.

- Chez les patients hospitalisés atteints de COVID-19 soupçonné ou avéré, il faut effectuer les tests hépatiques à l’admission et les surveiller tout au long de l’hospitalisation, en particulier s’ils reçoivent un traitement médicamenteux pour le COVID-19.

- Chez les patients hospitalisés qui suivent un traitement médicamenteux pour le COVID-19, il faut évaluer régulièrement la présence d’effets secondaires gastro-intestinaux et hépatiques.

Pas de traitement hors étude clinique (4)
La société américaine de maladie infectieuse (IDSA) a publié sur son site des recommandations très fermes sur le fait de ne pas utiliser hors études cliniques chez les patients hospitalisés avec COVID-19 l’hydroxychloroquine/chloroquine avec ou sans azithromycine, ni la combinaison lopinavir/ritonavir, ni les corticostéroïdes en cas d’ARDS, ni le tocilizumab ni le plasma de convalescent. Les corticostéroïdes sont par ailleurs contre-indiqués en cas de pneumonie chez les patients COVID-19 hospitalisés.

Les lamas à la rescousse, une étude gantoise (5)
Les IgG du lama sont particulières dans le sens où elles ne possèdent qu'une chaîne lourde alors que les IgG conventionnelles possèdent une chaîne légère et une chaîne lourde. Elles contiennent des VHH, également connus sous le nom de Therabodies ou Nanobodies, qui sont des fragments variables d'anticorps simple camélidés et offrent des propriétés supérieures aux anticorps classiques dans de nombreux aspects. Une équipe gantoise a pu déterminer par cristallographie sur quelle partie du coronavirus reconstitué les VHH issus du plasma d’un jeune lama immunisé avec une perfusion contenant les protéines de surface (protéine S) de MERS-CoV et de SARS-CoV-1 se fixent, à savoir le domaine de liaison au récepteur (RBD) de la protéine S (Figure 2). Plusieurs de ces VHH ont démontré une action neutralisante contre ces deux virus sur des cultures cellulaires in vitro. L'un d'entre eux, le VHH-72, capable de neutraliser l'infection par une pseudo-particule virale imitant le SARS-CoV-1, peut aussi neutraliser celle imitant le SARS-CoV-2. Dernière particularité lié à leur petite taille et à leur stabilité, les VHH pourraient être administrés via un spray à inhaler, notamment pour soigner les infections respiratoires, ce qui en fait des candidats intéressants pour traiter le COVID-19.

Du virus dans le sperme (6)
Une petite étude portant sur 38 hommes atteints de COVID-19, dont 15 encore en phase active de la maladie, a montré la présence du virus dans le sperme de 16% d’entre eux, ce que n’avait pas décelé une autre étude légèrement plus ancienne et qui ne portait que sur 12 patients. Ceci ne veut pas dire cependant que la maladie est sexuellement transmissible car on ne sait pas si le virus se réplique dans le système reproductif mâle ni si le virus y est encore actif. A suivre…

> Regardez cette Revue de presse sur MedFlix #11

  • 1.Varga Z, Flammer AJ, Steiger P, et al. Endothelial cell infection and endotheliitis in COVID-19. Lancet. 2020;395(10234):1417‐1418.

    1. Shi J, Wen Z, Zhong G, et al. Susceptibility of ferrets, cats, dogs, and other domesticated animals to SARS-coronavirus 2. Science. 2020;eabb7015.
    2. https://www.gastro.org/news/new-covid-19-guidance-for-gastroenterologists
    3. https://www.idsociety.org/covid19guidelines
    4. Wrapp D, De Vlieger D, Corbett KS, et al. Structural Basis for Potent Neutralization of Betacoronaviruses by Single-Domain Camelid Antibodies [published online ahead of print, 2020 Apr 29]. Cell. 2020;S0092-8674(20)30494-3.
    5. Li D, Jin M, Bao P, Zhao W, Zhang S. Clinical Characteristics and Results of Semen Tests Among Men With Coronavirus Disease 2019. JAMA Netw Open. 2020;3(5):e208292. Published 2020 May 1.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.