Médicaments
 falsifiés: 
le trafic
 s’intensifie

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que 10 à 15% des médicaments qui circulent dans le monde sont des médicaments falsifiés qui mettent en danger la santé de ceux qui les utilisent.

Sur internet, l’ampleur du phénomène est bien plus grave encore: l’Institut international de recherche 
anti-contrefaçon de médicament (IRACM) rappelle qu’un médicament sur deux acheté sur des sites dissimulant leur adresse physique serait des contrefaçons.

Une alerte mondiale
En Afrique ou en Asie, ce sont surtout des antipaludéens, des antirétroviraux et des traitements de la tuberculose qui font fructifier le marché de la contrefaçon de médicaments. En Europe, les traitements des troubles érectiles et les anabolisants font davantage recette. Un des médicaments les plus contrefaits aujourd’hui est sans conteste le Viagra. Un sondage de Pfizer montrait que 80% du Viagra acheté sur internet était contrefait. Il provenait notamment de Thaïlande ou d’Inde et contenait du plâtre ou de l’encre…

Mais la contrefaçon s’étend à d’autres blockbusters de l’industrie: les maladies graves ou chroniques. Suivant les pays, le cancer, le diabète ou le paludisme sont ciblés par la contrefaçon. Tous les médicaments sont concernés, des antibiotiques aux anticancéreux. Le marché est énorme.

D’après l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM), un investissement de 1.000 euros dans les médicaments contrefaits génère un bénéfice de 200.000 à 400.000 euros, pour une prise de risques négligeable. Une étude du World Economic Forum estime que le chiffre d’affaires mondial des faux médicaments représente 10 à 15% du marché pharmaceutique, soit 100 à 150, voire 200 milliards de dollars.

En Belgique
En 2017, l’unité spéciale d’enquête de l’Agence fédérale des médicaments et produits de santé a saisi 4.472 colis, venant de pays tiers, la plupart du temps pour des particuliers, à leur usage personnel. Dans l’ensemble, en 2017, cette unité a clôturé 547 enquêtes administratives et judiciaires relatives à la criminalité pharmaceutique. Arrivés par la poste, ces médicaments ou compléments remettent en question notre chaîne de sécurité sanitaire. Il est à noter qu’aucun médicament contrefait n’a, à ce jour, été découvert dans le circuit officinal ou dans les hôpitaux en Belgique. Mais la menace semble se préciser… En effet, ce sont des boîtes d’Harvoni falsifiées, un traitement contre l’hépatite C, qui se sont retrouvées dans le circuit officinal allemand. La contrefaçon ne se distinguait que par un seul numéro absent de la notice.

Aujourd’hui, les nombreuses enquêtes montrent que les principaux pays d’où proviennent les médicaments contrefaits sont l’Inde, la Chine et la Thaïlande, auxquels il convient d’ajouter Singapour et les États-Unis. À son niveau, la Belgique fait partie de la Convention Medicrime, qui a pour objectif de criminaliser la falsification de médicaments… Mais qui n’a été ratifiée que par quelques pays.

Europe: une nouvelle directive européenne
Plusieurs mesures ont été introduites par la Directive 2011/62/EU pour empêcher les médicaments falsifiés d’entrer dans la chaîne légale de distribution des médicaments en pharmacie.

Le 9 février 2019, cette directive européenne entrera en vigueur. Celle-ci impose aux pharmaciens de contrôler l’authenticité d’un médicament avant sa délivrance au patient. Pour authentifier le médicament, le code-barres 2D (ou Datamatrix) devra être scanné. Ce nouveau code devra figurer sur tout nouveau conditionnement de médicament (soumis à prescription + remboursable en délivrance libre).

Le code Datamatrix comporte 4 éléments: le numéro du produit (ou code GTIN), le numéro de lot, la date de péremption et un numéro de série unique. Les producteurs doivent uploader ces données sur le hub européen, d’où elles seront transmises à la base de données nationale du pays de destination du médicament. Si les données encodées dans ce Datamatrix correspondent à celles figurant dans le système d’authentification géré par la Belgian Medicines Verification Organisation (BeMVO), le médicament pourra être délivré sans aucun risque de falsification. La BeMVO est la société responsable de la mise en œuvre et de la gestion du système de vérification des médicaments en Belgique.

Pour avoir accès à ce système d’authentification de la BeMVO, chaque pharmacie belge et luxembourgeoise doit s’y enregistrer. La procédure d’enregistrement se retrouve sur le site www.bemvo.be.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.