La Belgique fait face à des problèmes majeurs en ce qui concerne l'accès des patients aux médicaments innovants, selon une étude européenne publiée par l'EFPIA, la fédération européenne du secteur (bio)pharmaceutique. Les résultats de l'indicateur "Waiting to Access Innovative Therapies W.A.I.T." de cette année révèlent que seulement 51 % des médicaments autorisés par l'Agence européenne des médicaments (EMA) sont remboursés en Belgique.
L'indicateur W.A.I.T. met en évidence le fait que la Belgique se classe très bas par rapport à de nombreux autres pays européens. Sur les 168 médicaments autorisés par l'EMA en 2021, seuls 85 d'entre eux ont été remboursés dans le pays, soit à peine 51%. Cette performance décevante a entraîné une chute de la Belgique au 16e rang parmi les 37 pays étudiés, alors qu'elle occupait la 12e position l'année précédente. En comparant la Belgique aux pays d'Europe occidentale similaires, il est clair que les patients belges ont un accès nettement inférieur aux médicaments innovants.
Selon l'industrie pharmaceutique, plusieurs facteurs expliquent ce résultat, notamment le choix des entreprises pharmaceutiques de demander ou non des remboursements pour leurs produits. Certaines entreprises ont choisi de ne pas demander de remboursement en Belgique en raison de la complexité de la procédure et/ou des faibles chances de succès. Les petites entreprises, quant à elles, peuvent manquer de ressources pour demander des remboursements dans plusieurs pays simultanément et préfèrent donc se tourner vers des pays où les procédures de remboursement sont moins lourdes et plus rapides, tels que l'Allemagne, le Danemark, la Suisse, l'Autriche ou les Pays-Bas.
L'étude prend également en compte les délais entre l'autorisation de mise sur le marché d'un médicament par l'EMA et son remboursement effectif. Sur ce point également, la Belgique est en retard par rapport à ses homologues européens. En moyenne, il s'écoule 546 jours entre l'autorisation de mise sur le marché et le remboursement effectif d'un médicament en Belgique en 2021. Pas moins de 18 pays font mieux que la Belgique sur ce critère, dont nos voisins allemands, néerlandais, français, luxembourgeois et britanniques.
Ces résultats soulignent la nécessité pour la Belgique de prendre des mesures urgentes afin d'améliorer l'accès des patients aux médicaments innovants. Il est crucial de simplifier la procédure de remboursement et de réduire les délais entre l'autorisation de mise sur le marché et le remboursement effectif. Cela permettrait d'offrir aux patients belges des traitements innovants plus rapidement, en alignant le pays sur les normes européennes en matière d'accès aux soins de santé. Les autorités belges, les entreprises pharmaceutiques et les parties prenantes du secteur de la santé doivent collaborer étroitement pour résoudre ces problèmes et garantir que les patients bénéficient des derniers traitements.
Une réforme urgente s'impose
Le 27 mars dernier, le Ministre Vandenbroucke a publié sa feuille de route pour réformer les procédures de remboursement des médicaments et assurer un accès rapide et durable aux médicaments innovants.
Selon pharma.be, cette feuille de route telle qu'elle se présente actuellement contient plusieurs points problématiques qui ne favoriseront pas un accès plus large à l'innovation pour les patients belges, bien au contraire, et ne permettront donc pas d'améliorer les résultats déjà alarmants de l'indicateur WAIT.
Pour l'association générale de l'industrie du médicament une évaluation correcte de la valeur d'un médicament est essentielle. Le processus de détermination de la valeur des médicaments doit être renforcé afin qu'en plus du coût et de l'impact budgétaire, l'impact du nouveau médicament sur les patients, leur qualité de vie et la société en général soit mieux reflété.
