Situation en MRS: «Il ne fallait pourtant pas être extra-lucide…» (Dr M.Meganck)

Les médias semblent découvrir avec surprise la situation des MRS. Il ne fallait pourtant pas être extra-lucide pour prédire ce qui allait se passer si le virus y pénétrait. On ne rend pas assez hommage au professionnalisme du personnel, des MG traitants et coordinateurs. C’est grâce à eux qu’on a limité la casse. 

Les MRS ne sont plus les mouroirs d’il y a 50 ans. On sait y prendre les gens en charge. Le monde politique, au début de la crise, a décrété : ‘on interdit toute visite’. Il s’est donné bonne conscience, avec une impression de boulot accompli. Or, des choses essentielles ont été perdues de vue. Par exemple que les voies de pénétration du coronavirus en MRS, c’est le personnel - qu’on n’a pas jugé prioritaire de tester au départ - et les résidents de retour d’un séjour hospitalier - qui n’ont pas été testés non plus. Outre le fait que les MRS ont cruellement manqué d’équipements de protection, avant qu’on écarte des soignants, parfois asymptomatiques, ceux-ci ont eu le temps d’infecter malgré eux la collectivité. Quand les tests ont enfin démarré, on a observé une corrélation entre forts taux de personnel contaminé et forts taux de résidents touchés. 

Dans beaucoup de MRS, on a limité la casse grâce à l’investissement des Médecins Coordinateurs et Conseillers (MCC)  et des soignants. Ils ont réclamé les seuls 5 tests auxquels ils avaient droit au départ. Il aura fallu bien des décès, et le cri d’alerte des professionnels, pour que le dépistage s’organise enfin, avec six semaines de retard. 

Dans la presse, on encense les collaborateurs des services d’urgence, rarement ceux des MRS. On n’évoque pas la charge de travail qu’ils ont assumée, sans commune mesure avec leurs collègues hospitaliers. Un exemple : quand en MRS, on est amené à créer une unité covid-19, on n’a pas, comme à l’hôpital, de lits vides pour déplacer les patients. C’est littéralement du déménagement. On intervertit la place de résidents, avec tout ce que ça suppose comme transbordement d’effets, désinfection des chambres, etc. 

Oui, beaucoup de résidents ont succombé. La moitié des décès dus au covid-19 sont intervenus en MRS, dit-on. La maladie précipite des situations déjà difficiles. Par essence, les MRS hébergent un concentré de personnes à risque, vu leur âge et leurs polypathologies. Mais on les a entourées, soignées, mises sous oxygène, et finalement hospitalisées quand la situation était ingérable, qu’il fallait les perfuser, qu’on ne savait plus répondre à leurs besoins en oxygénothérapie… 

Beaucoup d’aînés nous ont affirmé ne pas vouloir aller à l’hôpital, mais rester dans ce qui est devenu leur domicile. Souvent lucides jusqu’au bout, ils ont été accompagnés et sont décédés sur place. Ce qui a représenté une charge émotionnelle écrasante pour le personnel qui les connaissait parfois depuis de longues années. La crise du covid-19 a créé des situations qui n’ont rien de comparable avec les soins palliatifs qu’on instaure, sporadiquement, en institution. C’est une vraie tempête, affrontée avec professionnalisme par le personnel, les MCC et les médecins traitants, de surcroît en mode débrouille. Les gens se sont mobilisés, sans rechigner à des tâches inhabituelles. J’ai vu des psychologues et des ergothérapeutes autour des chariots à repas. On en sort éreinté, mais content, aussi, de la solidarité qui a émergé entre métiers. 

  • Le Dr Meganck, longtemps président de la SSMG, a cessé ses activités en cabinet mais exerce toujours comme médecin expert judiciaire et comme MCC dans une MRS de la région de Charleroi

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Derniers commentaires

  • Etienne RUMMENS

    08 mai 2020

    Une juste reconnaissance du travail de ces professionnels de la santé ayant dû et devant encore faire face à du manque de personnel, de matériel de protection et une charge émotionnelle intense, au contact de résidents en détresse se sentant parfois abandonnés de leur famille car, pour certains, ne comprenant pas le bien fondé du confinement. Merci à tous ceux qui se sont investis dans un travail intense et compliqué dans les maisons de repos et merci au confrère Meganck pour son article.
    Etienne Rummens

  • Cécile Cardon

    07 mai 2020

    Oui nous pouvons applaudir les personnels des soins intensifs et des MRS pour leur dévouement ! Pour leur courage pour avoir soigné de leur mieux et sans protection suffisante, sans masques, etc...

    Mais nous devons HUER le gouvernement, HUER les experts proclamés de Siensano et SSMG qui n'ont pas voulu donner à temps le remède pourtant simple et bien connu de longue date et proposé par l'éminent professeur Raoult de Marseille.

    Des comptes à rendre, oui, et des condamnations en justice de ces soi-disant experts remplis d'orgueil, d'obstination, de fermeture d'esprit. Des condamnations de ceux qui sont liés au lobbying des big pharma.

    Et vous médecins, où est votre libre arbitre ? Votre liberté de soigner comme vous l'entendez ? Votre intelligence est-elle endormie à ce point pour ne pas pouvoir pratiquer une autre médecine que celle qui suit les recommandations que vous recevez de Siensano et SSMG ?

    Vous avez abandonné les gens chez eux sans soins, sans TEST !!! Livrés à eux-mêmes.

    HONTE à la Belgique qui est le pays avec le PLUS GRAND NOMBRE DE MORTS par million d'habitants.

    Si vous aviez donné l'hydroxychloroquine et azythromycin à temps dès les premiers symptômes aux malades les plus fragiles des MR/MRS, on n'aurait pas eu cette hécatombe que l'on connait maintenant.

    Vous avez délibérément choisi de ne pas traiter les personnes âgées pour qu'elles n'encombrent pas les services hospitaliers de soins intensifs. Vous avez choisi de ne pas leur prodiguer autant de soins qu'aux plus jeunes. Vous les avez considérées comme des personnes de moindre valeur, puisque âgées, polypathologiques. C'est une HONTE, c'est à pleurer !

  • Cécile Cardon

    07 mai 2020

    Oui nous pouvons applaudir les personnels des soins intensifs et des MRS pour leur dévouement ! Pour leur courage pour avoir soigné de leur mieux et sans protection suffisante, sans masques, etc...

    Mais nous devons HUER le gouvernement, HUER les experts proclamés de Siensano et SSMG qui n'ont pas voulu donner à temps le remède pourtant simple et bien connu de longue date et proposé par l'éminent professeur Raoult de Marseille.

    Des comptes à rendre, oui, et des condamnations en justice de ces soi-disant experts remplis d'orgueil, d'obstination, de fermeture d'esprit. Des condamnations de ceux qui sont liés au lobbying des big pharma.

    Et vous médecins, où est votre libre arbitre ? Votre liberté de soigner comme vous l'entendez ? Votre intelligence est-elle endormie à ce point pour ne pas pouvoir pratiquer une autre médecine que celle qui suit les recommandations que vous recevez de Siensano et SSMG ?

    Vous avez abandonné les gens chez eux sans soins, sans TEST !!! Livrés à eux-mêmes.

    HONTE à la Belgique qui est le pays avec le PLUS GRAND NOMBRE DE MORTS par million d'habitants.

    Si vous aviez donné l'hydroxychloroquine et azythromycin à temps dès les premiers symptômes aux malades les plus fragiles des MR/MRS, on n'aurait pas eu cette hécatombe que l'on connait maintenant.

    Vous avez délibérément choisi de ne pas traiter les personnes âgées pour qu'elles n'encombrent pas les services hospitaliers de soins intensifs. Vous avez choisi de ne pas leur prodiguer autant de soins qu'aux plus jeunes. Vous les avez considérées comme des personnes de moindre valeur, puisque âgées, polypathologiques. C'est une HONTE, c'est à pleurer !