Les 7 mesures indispensables pour gérer l'épidémie (Marc Wathelet)

Le virologue Marc Wathelet, lanceur d'alerte bien connu de nos lecteurs, vient d'envoyer un courriel, adressé aux membres des gouvernements et parlements de la région Bruxelles- Capitale, de la région wallonne, et de la communauté germanophone, "après la faillite au niveau fédéral de prendre les mesures qu'il faut."  Il propose 7 mesures indispensables.

Chers Membres des Gouvernements de la Région de Bruxelles-Capitale et de la Région wallonne,

Il semblerait que le Gouvernement fédéral ne soit pas enclin à enfin prendre les mesures qui, malheureusement, s’imposent aujourd’hui, à savoir un nouveau confinement, malgré l’avis pourtant unanime des experts belges sur la question.

Je laisse de côté les implications de ce manque de solidarité sur l’avenir politique de la Belgique pour vous proposer un plan d’urgence à même de sortir la Région de Bruxelles-Capitale et la Région wallonne de cette crise sanitaire sans plus de délai. 

Gérer une épidémie intelligemment est, en effet, possible puisque de nombreux pays le font. Je ne citerai ici qu’un exemple, mais il y en a une dizaine d'autres, celui de Taïwan : 23 millions d’habitants, 7 décès et 548 cas de contamination. Bien gérer une épidémie est une question de choix, car c’est possible : les mesures sanitaires nécessaires sont bien connues des scientifiques, il faut juste faire le choix de s’en donner les moyens !

Les 7 mesures indispensables 

#1. Il faut immédiatement imposer le port du masque au travail, que ce soit dans les entreprises, les usines, les ateliers ou les bureaux, dans les administrations publiques, bref, dans tout espace clos où des individus se retrouvent rassemblés, la distanciation n’étant pas une mesure suffisante contre un virus qui peut se transmettre par aérosol, qui peut rester en suspension dans l’air. Le masque est une mesure absolument indispensable et d’autant plus efficace qu'il est de qualité et utilisé correctement.

#2. Ce qui est vrai dans le monde du travail est tout aussi valable dans les crèches, les écoles et l’enseignement supérieur, bien sûr, puisque qu’une particule virale est un objet inanimé qui voyage au gré des mouvements d’air : le port du masque par tous y est donc indispensable si nous souhaitons un enseignement en présentiel.

#3. Cela étant, dans l'immédiat, et à l'instar de ce que vous venez de décider pour l'enseignement supérieur, il convient  d'arrêter l’enseignement en présentiel à tous les autres niveaux – classes maternelles, primaires, secondaires –, et ce, dès ce lundi et, bien évidemment, pour une période allant au-delà du congé d'automne. La justification en est limpide : la circulation du virus est beaucoup trop intense actuellement et plusieurs semaines seront nécessaires pour parvenir à inverser la tendance. Certes, une telle mesure pose la question de la garde des enfants. Les faire garder par leurs grands-parents ne peut en aucun cas représenter une option ! Il faut dès lors, en parallèle, adopter les mesures de soutien permettant aux parents d’enfants en âge scolaire de ne pas devoir travailler (se contenter de lever l’obligation scolaire ne suffit certainement pas).

#4. Il faut confiner ! Seuls les travailleurs essentiels doivent être autorisés à travailler et seuls leurs enfants doivent avoir accès à une garderie dans les écoles. Il importe de se limiter vraiment aux travailleurs essentiels, à défaut de quoi le confinement n'en durera que plus longuement.

#5. Ce confinement devra être imposé durant au moins 6 semaines de telle sorte que la circulation du virus puisse redescendre suffisamment pour permettre la réouverture de l’économie et de l'enseignement présentiel – temps qui devra, du reste, être mis à profit pour préparer intelligemment la sortie du confinement.

#6. Il faut se donner les moyens d’ouvrir les écoles en présentiel de manière durable et il n’y a qu’une manière d’y arriver : un taux de circulation du virus suffisamment bas pour que le dépistage, le traçage et l'identification des foyers épidémiques puissent être réalisés avec l’efficacité nécessaire. Nous en sommes très loin à l’heure actuelle, il faut tout mettre en œuvre pour y parvenir.

#7. À la sortie du confinement, il faudra réorganiser les transports en commun, de sorte à éviter trains, trams, bus et métros bondés qui sont autant de vecteurs de contamination.

Voilà l’essentiel des décisions à prendre dès aujourd’hui. Je me tiens à votre disposition pour toute discussion à leur propos et au sujet de leur implémentation.

Bien à vous,

Marc Wathelet

https://www.linkedin.com/in/marc-wathelet-76b71610/

  • Marc Wathelet est docteur en science.  Il a étudié la chimie à l’Université libre de Bruxelles et est titulaire d’un doctorat en biologie moléculaire. Parti aux États-Unis durant 25 ans, il est passé par Harvard, l’Université de Cincinnati et dans un institut consacré à la recherche sur les maladies respiratoires à Albuquerque. Il a dirigé une équipe de chercheurs aux États-Unis sur différentes souches de coronavirus, en particulier le SRAS-CoV, qui a provoqué l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère en 2003-2004.

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Derniers commentaires

  • Alain HENSENNE

    04 novembre 2020

    En octobre 50% de la population ne suivait pas les recommandations individuelles.
    Il reste à faire un gros effort pédagogique...