Georges Dallemagne: «Je suis pour la vaccination obligatoire»

Le député fédéral CDH et médecin Georges Dallemagne, revient sur la problématique de la vaccination obligatoire des soignants et les difficultés que cela pourrait entraîner dans l'organisation de certains hôpitaux.

Alors que le gouvernement fédéral a tranché en faveur l’obligation vaccinale du personnel soignant, le Dr Georges Dallemagne, député fédéral CDH, qui possède une spécialisation en médecine tropicale (mais aussi un certificat d’épidémiologie et de biostatistique et qui a été directeur général adjoint de Médecins sans Frontières) revient sur la problématique de l’obligation vaccinale et sa mise en oeuvre. 
Que pensez-vous de la déclaration de certains directeurs qui disent qu’ils ne l’appliqueront pas ? 
« Elles sont tout à fait prématurées. En France, quand le président Macron a annoncé l’obligation vaccinale, 60% du personnel de santé était vacciné. On a crié au fou. Quand l’obligation vaccinale a été effective, 99,2 % du personnel était vacciné, et ce chiffre a depuis continué à augmenter. Les hôpitaux ont été consolidés par la mesure. Cette obligation vaccinale avec sanction à la clé est donc fortement incitative, d’autant plus que la sanction paraît importante. Elle renforce le système de santé, elle ne l’affaiblit pas. L’objectif est de tout faire pour que le personnel soit vacciné avant la date fatidique des sanctions afin qu’elle ne concerne que très peu de personnes. Le risque est que la déclaration de certains directeurs d’hôpitaux vienne contrecarrer l’incitation à se faire vacciner. Ce sont des propos qui pourraient être contreproductifs car le personnel vacciné pourrait in fine en souffrir le plus. »
La mesure ne vient pas trop tard ?
« Il n’est jamais trop tard. Le virus va continuer à se modifier. Nous en sommes au cinquième variant et il n’y a pas de raison que cela s’arrête. On voit bien qu’avec le variant Omicron, nous aurons besoin de trois doses. Plus que jamais la vaccination est indispensable. Le personnel soignant a la responsabilité première de ne pas représenter une menace pour son malade et pour ses collègues. L’obligation vaccinale, faut-il le rappeler, est aussi une protection pour lui-même»
Le personnel déjà vacciné, lui , souffre ?
« Il faut aussi rappeler que les personnes vaccinées vont au front tous les jours dans les maisons de repos et dans les hôpitaux. La charge de travail sur elles est très importante.»
Pourquoi seulement pour le personnel soignant ?
« Le personnel soignant a raison lorsqu’il dit, à propos de l’obligation vaccinale, « pourquoi seulement nous ? ». Cela aurait beaucoup plus de sens que l’obligation concerne toutes les personnes qui sont au contact des personnes vulnérables : hôpitaux, maison de repos, maison de personnes handicapées, CPAS... Et les personnes à partir de 55 ans. J’ai toujours plaidé pour une obligation vaccinale la plus large possible.»
Pourquoi pas une vaccination obligatoire pour tous les adultes ?
« Elle permettrait aussi de réduire la circulation du virus, la mortalité, le nombre de personnes aux soins intensifs et la charge globale du virus. Je pense que cette obligation vaccinale est inscrite dans les astres. Le virus est là pour de longues années et pas seulement pour trois ou quatre ans.... car il restera des foyers aux quatre coins de la planète où il pourra continuer à proliférer et à se modifier. Nous devrons nous protéger le mieux possible et la mesure la plus efficace, la moins contraignante, la moins chère restera probablement le vaccin. Nous allons devoir vivre avec lui peut-être comme avec la grippe.»
Comment mieux vacciner le monde entier ?
« Nous devons avoir à l’esprit que tant que la population mondiale ne sera pas vaccinée, la population belge ne sera pas efficaement protégée. Il faut s’engager beaucoup plus dans la vaccination mondiale. Au début, en terme de santé publique, il n'était pas anormal de vacciner d’abord les populations de l’hémisphère nord, alors les populations les plus touchées, mais aujourd’hui, il faut d’urgence accélérer la vaccination des pays du sud, ils ont besoin de notre aide. Elle est notoirement insuffisante, pas seulement pour la livraison de vaccins, mais pour l’aide concrète à la vaccination. »
La vaccination obligatoire restreint nos libertés selon certains soignants ?
« Elle restreint infiniment moins nos libertés que toutes les mesures que l’on a déjà dû accepter jusqu’ici : confinement, fermeture d’écoles, fermetures des frontières, appauvrissement catastrophique de la vie en société, système de santé au bord de la rupture,... L’Institut fédéral des droits humains, la Cour européenne des droits de l’homme, le Comité consultatif de bioéthique ont tous fait savoir que la vaccination obligatoire n’était pas incompatible avec le respect des droits de l’homme. Ce discours, les antivax doivent l’entendre. Aujourd’hui, on doit accepter, en raison notamment d’une couverture vaccinale insuffisante, une limitation de nos contacts sociaux, de nos activités culturelles, sportives, éducatives... Sans oublier l’impact économique. Aurait-on à ce point perdu la raison, le sens commun ? Qu’est-ce que la liberté, si elle n’est pas conjuguée avec la responsabilité, la solidarité, la protection des plus vulnérables ? Elle deviendrait la loi du plus fort, la loi du chacun pour soi. Ce n’est pas ma vision humaniste de la société »  
Vous parlez aussi de l’impact des réseaux sociaux ?
« Il est évident que si cette pandémie avait eu lieu avant l’émergence des réseaux sociaux, l’obligation vaccinale se serait imposée comme une évidence. Nous sommes devenus les otages de ces réseaux où prolifèrent des contrevérités élaborées parfois par des gouroux ou des gouvernements qui ne nous veulent pas du bien, comme on a pu le démontrer par exemple avec la Chine. Je pense qu’il faudrait poursuivre pénalement ces personnes qui mentent sciemment sur les réseaux sociaux, exercent illégalement la médecine en s’opposant à la vaccination et en proposant des traitements inopérants et qui mettent dès lors en danger la vie des citoyens.  Enfin, il faut plus de pédagogie, dès l’école, bien expliquer à ceux qui croient aux Fake News qu’ils sont manipulés, réapprendre ce que Descartes nous a enseigné : la raison, l’esprit critique, la vérification des informations. Retrouver la confiance dans nos chercheurs, nos soignants, nos institutions.»
Et la vaccination des enfants, obligatoire ou pas ? 
« Je fais confiance à l’OMS et à l’agence européenne du médicament. Des milliers de chercheurs et scientifiques avancent sur la connaissance. Quand ils le jugeront bon, j’encouragerai la vaccination des enfants. Pour rappel, la plupart de nos vaccins sont administrés dès la plus tendre enfance. On ne peut oublier qu’il y a déjà eu des cas de Covid graves chez de très jeunes enfants dans notre pays."

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Derniers commentaires

  • Harry DORCHY

    11 janvier 2022

    France : une personne non vaccinée qui transmettrait le virus du Covid "devrait être sanctionnée en justice"
    PARIS 11/01 - Dans une tribune publiée par Le Parisien, le Pr David Smadja, hématologue à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), responsable de l’étude «Sarcodo» sur le Covid-19 et l'avocat au barreau de Paris Benjamin Fellous plaident pour des poursuites pénales à l’encontre des personnes non-vaccinées qui transmettraient le Covid et de ceux qui colportent des fausses informations sur la pandémie.

    Pour le Pr Smadja et Me Fellous, l'obligation vaccinale contre le Covid est une nécessité, qui a fait l'objet d'un précédent important. En mai 2019, le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative française, a validé l'extension de l'obligation vaccinale des enfants à 11 vaccins. Il a considéré que cette "ingérence à l'intégrité physique et à la vie privée peut être admise si elle est justifiée par des considérations de santé publique et proportionnée à l'objectif poursuivi", rappellent les auteurs de la tribune.
    "Cet arrêt du Conseil d'État devrait ouvrir une voie apaisée et mesurée vers une vaccination obligatoire contre la Covid-19", jugent-ils. "Plus de 80% des patients en réanimation ne sont pas vaccinés. En outre, les rarissimes effets secondaires indésirables sont largement dépassés par les effets bénéfiques et positifs des vaccins permettant de diminuer la transmission, la gravité, les passages en réanimation et la mortalité", estiment le Pr Smadja et Me Fellous.
    Le médecin et l'avocat en arrivent à la conclusion selon laquelle "il devrait exister un risque pénal latent à faire peser sur une personne qui refuse sciemment de se vacciner et qui transmettrait le virus de la Covid-19".
    Mais une telle infraction ne peut s'envisager à l'heure actuelle car il n'y a pas "d'obligation particulière à se faire vacciner". En outre, en l'état, il est difficile de faire peser un risque pénal sur les désinformateurs et autres fabricateurs de fake news autour du Covid.
    "Il faut se dire simplement que dans cette 'guerre sanitaire' décrite par notre Président, l'obligation vaccinale et l'arme pénale permettraient de faire peser un risque pénal sur celui qui transmet la mort encore plus que de "l'emmerder" en l'empêchant d'aller au cinéma ou au restaurant", concluent-ils.

  • Jean-Pol BLEUS

    11 janvier 2022

    je suis tout à fait opposé à cette prise de position plus idéologique que scientifique. Je suis triplement vacciné et reconnais la place du vaccin dans la lutte contre le covid. Mais n'oublions pas que la population belge est vaccinée à 80%, ce qui n'a pas empêché la 4 ème vague même en Flandre où on frôlait les 90%. on sait que ce vaccin est toujours en phase 3 et qu'il doit évoluer. La protection chute après 6 mois ce qui a justifié la 3ème injection et on parle déjà de 4ème. Quant au personnel soignant non vacciné très minoritaire qu'on arrête de les stigmatiser. Ils font un travail admirable comme les autres. Laissons à Macron les déclarations incendiaires et les menaces à l'emploi. Sciensano ne met pas en évidence les instituts de soins comme milieu contaminant. Arrêtons le clivage de notre société et laissons les enfants tranquilles au niveau vaccinal! Cette obligation vaccinale est d'ailleurs loin de faire l'unanimité chez les épidémiologistes et virologues.

  • Thierry LORAND

    11 janvier 2022

    vaccination obligatoire oui mais pas 3-4 fois par an au risque de perturber notre propre système immunitaire
    Quid des reactions importantes au vaccin? Impossible de convaincre des gens qui ont eu des effets secondaires graves ou importants au vaccin pour continuer des 3è, 4è,5è doses

  • Harry DORCHY

    10 janvier 2022

    RECOMMANDATIONS DE L’ISPAD (International Society for Pediatric and Adolescent Diabetes) POUR LES VACCINATIONS COVID CHEZ LES ENFANTS ET ADOLESCENTS DIABÉTIQUES OU NON DIABÉTIQUES (17/12/2021).

    Pour lutter contre la pandémie et réduire la mortalité dans la population vulnérable et à haut risque, une couverture vaccinale mondiale est nécessaire. Différents vaccins contre le virus ont été (et continuent d'être) développés. Ces vaccins sont testés et leur résultat bénéfice/risque a été évalué par les différentes agences réglementaires (par exemple la FDA et l'EMA). L'approbation initiale concernait la population adulte, mais depuis peu, elle vaut pour le groupe d'âge pédiatrique (à partir de 5 ans et plus) avec une dose plus faible.

    Sur la base des données positives sur le rapport bénéfice/risque, les vaccinations peuvent désormais être utilisées dans ce groupe d'âge. Des effets indésirables légers sont observés. Ceux-ci sont généralement légers ou modérés et s'améliorent quelques jours après la vaccination. Aucune différence dans les symptômes n'est attendue entre les enfants diabétiques et non diabétiques, et, à ce jour, aucun problème de sécurité n'a été signalé concernant le DT1. Différents pays auront des politiques de vaccination différentes.

    Sur la base des données actuelles, les enfants/jeunes atteints de diabète peuvent et doivent être vaccinés comme leurs pairs non diabétiques, conformément aux recommandations nationales.

  • Pierre Gielis

    10 janvier 2022

    Tout à fait d'accord avec l'avis donné par notre confrère.
    Diffusons cette prise de position nette et claire.
    Dr Pierre Gielis

  • Thérèse RICHE

    10 janvier 2022

    Tout-à-fait d'accord, nous sommes arrivés à un stade où le moindre désaccord est pris en considération quelque soit la gravité de la situation. Il y a 60 ans, j'apprenais à l'école que l'excès de démocratie menait immanquablement à la dictature....et si c'est le cas chez nous actuellement, avec quelles conséquences....Il n'est pas sûr que la majorité silencieuse ne soit pas d'accord avec moi....J'ai apprécié que Macron soit pour l'obligation vaccinale ...on verra