Yves Coppieters : « Les pharmaciens et les médecins doivent travailler ensemble »

Depuis son arrivée au gouvernement, Yves Coppieters s'attèle à renforcer la collaboration entre les acteurs de la santé en Wallonie. Face aux défis majeurs en matière de prévention et d'environnement, il défend , dans une entrevue exclusive avec Pharma-Sphère, une approche innovante et interdisciplinaire. La promotion de la santé, appuyée par des projets concrets et une hausse des budgets, devient une priorité absolue.

Deux mois de travail. Depuis que Les Engagés ont dévoilé leur casting ministériel pour la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Pr Yves Coppieters est devenu le nouveau ministre de la Santé, de l'Environnement, de l'Action sociale, de l'Économie sociale, du Handicap, de la Lutte contre la pauvreté, de l'Égalité des chances, du Droit des femmes et des Familles. Alors que le dépistage du cancer colorectal vient d’intégrer les pharmacies en Wallonie, il reconnaît que « les enjeux sont énormes pour la santé et l’environnement, tout en tenant compte de la transversalité avec les différents niveaux de pouvoir. La volonté est également de porter des projets innovants. »

Quels budgets aurez-vous à votre disposition pour la prévention ?

« Le conclave budgétaire aura lieu fin septembre. Nous savons que nous devrons tous réaliser des efforts, mais j’ai des garanties au niveau du secteur de la santé. Un doublement des budgets de la prévention est prévu au niveau de la Région. La promotion de la santé doit devenir une priorité absolue. Aujourd’hui, moins de 1 % du budget de l’AVIQ est dédié à cette mission essentielle. J’aurai aussi un peu plus d’initiative à travers Wallonie Santé pour initier toute une série de développements industriels et sociaux dans le domaine de la santé, de la cybersécurité et du digital. »

Malgré tout, vous allez devoir faire des économies ?

« En effet, ce sera la ligne de conduite transversale de ce gouvernement en Région wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Tous les ministres vont devoir faire des économies. Nous voulons rationaliser le fonctionnement des administrations. »

Quel sera le rôle des pharmaciens dans votre réflexion ?

« Il faut travailler sur l’activité des pharmaciens en convainquant les généralistes de l’importance de travailler ensemble. Les généralistes ont toujours l’impression qu’on leur enlève "des actes simples" qui sont rémunérés. Je prends l’exemple de la vaccination réalisée par les pharmaciens. Les généralistes ont parfois l’impression qu’on veut leur enlever la prévention, alors qu’ils y jouent un rôle majeur... De manière générale, personne ne doit être perdant, et il faut permettre une meilleure accessibilité de la population à la prévention. J’entends ce que mes collègues généralistes me disent, je ne suis pas toujours convaincu d’un point de vue de santé publique, mais je comprends que certains transferts d’actes puissent leur poser problème. Évidemment, je ne veux pas que le seul problème soit financier. »

Quel avenir pour Proxisanté, projet auquel les pharmaciens ont été associés ?

« Des ajustements sont nécessaires pour le rendre pleinement opérationnel. Je vais reprendre les discussions avec les initiateurs du projet. Je tiens aussi à ce que cela soit pérenne financièrement, car à ce stade, nous n’avons aucune vision financière. Les pharmaciens font évidemment partie du développement de Proxisanté, avec leur investissement quotidien de proximité envers les patients. »

Votre volonté est-elle d’objectiver davantage la politique de santé ?

« Je travaille avec l’ISSeP et le KCE. J’ai besoin de collaborer avec des institutions scientifiques. Pour le PFAS, par exemple, je travaille avec le conseil scientifique indépendant. Je veux amener cette notion d’évidence scientifique dans les priorités politiques. Je souhaite intégrer de véritables évaluations dans toutes les politiques publiques de santé, basées sur des indicateurs, comme on le fait lorsqu’on évalue un projet de recherche. Le Gouvernement, en partenariat avec les secteurs acteurs et bénéficiaires de la promotion de la santé, dressera un état des lieux des missions et des moyens dévolus à la promotion de la santé. Cet état des lieux se poursuivra avec une adaptation du WAPPS (Plan Wallon de Prévention et de Promotion de la Santé), en vue de la mise en œuvre d’une stratégie et d’un plan d’actions concret et mesurable. Ce travail s’effectuera avec les acteurs de terrain, dont les pharmaciens. »

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