Vaccination Covid en pharmacie: la rémunération et la logistique posent question

Alors qu’à Bruxelles, la vaccination a commencé avec un projet pilote, les autorités poursuivent les discussions avec le secteur pour aboutir au déploiement de la vaccination dans les officines. La rémunération et la logistique posent toujours question.

Dans notre récent sondage que vous avez pu consulter en exclusivité dans le Pharma-Sphere du mois de février (n°271), les pharmaciens déclarent qu’ils sont satisfaits de pouvoir vacciner contre le Covid (pour 55% au niveau national; 60% des NL et 51% des FR). Sans oublier que 59% d’entre eux au niveau national (62% des NL et 56% des FR) se disaient prêts à participer à la vaccination contre le Covid. Depuis ce sondage, le 11 mars dernier, la législation belge permet officiellement aux pharmaciens d’officine d’administrer les vaccins contre le Covid-19.

Remboursée par les autorités, cette vaccination en pharmacie est gratuite pour tous les patients. Cette montée en première ligne des pharmaciens dans le processus de vaccination poursuit des objectifs multiples: renforcer la couverture vaccinale dans notre pays, maîtriser les éventuelles nouvelles vagues de contaminations et faciliter l’accessibilité de la vaccination en dehors des centres.

Les pharmaciens sont prêts, comme le confirme Marie Renaux, pharmacienne, dans la région de Charleroi: «Nous avons suivi les formations nécessaires, et même récemment les formations complémentaires (la réanimation cardiovasculaire et les premiers secours). Au niveau logistique, nous attendons encore des informations. Évidemment, actuellement, il y a de moins en moins de candidats à la vaccination. Nous serons prêts pour une autre phase si elle devait avoir lieu

Des propos que confirme Sophie Tellier, pharmacienne à Woluwe-Saint-Lambert: «Je suis formée. Je suis prête même si les patients ne vont sans doute pas se bousculer. Il aurait été plus intéressant actuellement que l’on puisse vacciner pour la grippe

Pour rappel, dans la loi qui vient de passer, il y a un critère de premier secours et réanimation qui n’était pas dans la formation qui avait été réalisée de manière préventive en 2021. Tous les pharmaciens vont donc devoir être formés aux premiers secours et à la réanimation en 2022. Certains l’ont déjà fait et d’autres le feront dans les prochains jours ou prochaines semaines. Ils ont reçu un courrier via les canaux officiels.

Pas le choix?

Des pharmaciens qui n’ont pas toujours le choix de vacciner, comme le confirme Laurence Hanquet, pharmacienne à Huy. «Je vais vacciner parce que c’est un service qu’il faut rendre. D’autres pharmaciens vont le faire, il faut donc que je le fasse aussi. Je ne vais pas envoyer mes patients dans une autre pharmacie pour qu’ils se fassent vacciner.» Pour elle, toutefois, la vaccination ne devrait pas être réalisée en pharmacie: «Je trouve que ce n’est pas notre rôle.»

La question de la logistique

En attendant, à part des expériences pilotes qui ont débutées d'abord à Bruxelles et ensuite en Wallonie depuis début mai, les pharmaciens ne vaccinent toujours pas. Quels sont les freins qui restent et à quel niveau?

Nicolas Echement, secrétaire générale de l’APB fait le point: «Nous avançons sur le volet de la logistique et de la rémunération du pharmacien. Cela prend du temps. Au niveau de la logistique, nous devons garantir les conditions de conservation. Il faut aussi trouver une distribution optimale.»

En coulisse, les acteurs de la distribution nous confirment que la question de la logistique n’est pas réglée. Même si de nombreux pharmaciens sont enthousiastes pour la vaccination, il faut prendre le temps d’avancer aussi sur cet aspect avec toutes les garanties de qualité et de sécurité. Quelle entité va acheminer les vaccins? Les grossistes ou d’autres acteurs? Cela pourrait être par Medista ou via les hôpitaux, mais les autorités doivent définir le schéma.

À ce stade, ce sont les grossistes «qui seraient en pôle position», nous confirment plusieurs sources. La décision devrait tomber dans le courant du mois d’avril…

La question de la rémunération

L’autre question qui n’est pas résolue est celle de la rémunération du pharmacien. «Une discussion est en cours», nous confirme uns source à l’Inami. Nicolas Echement, secrétaire générale de l’APB, ne dit pas autre chose: «Il y a une discussion au niveau de l’Inami. Une proposition a été faite sur base de la préparation du vaccin, de la gestion de tout le processus en regardant ce qui se fait dans d’autres pays. Nous n’avons pas encore eu de retour de l’administration

Là aussi, on peut s’étonner de la lenteur. Le problème reste qu’il s’agit d’une compétence mixte fédéral-régions. La rémunération du pharmacien devrait être entre 20 et 30 euros. Un aspect important pour M. Yves Fouarge, pharmacien à Liège: «Nous devons aussi être justement rémunérés pour un tel acte.»

L’aménagement des pharmacies

Par ailleurs, pour les pharmaciens qui n’auraient pas l’espace adapté dans leur officine pour vacciner les patients qui le souhaiteraient, des solutions très concrètes sont possibles. L’une d’elles est la vaccination en dehors des heures d’ouverture de l’officine, que cela soit le matin, le midi ou le soir: «Il n’y a pas de limites dans le temps du travail d’un pharmacien. S’il n’a pas la place pour prévoir un espace adapté, il a donc la possibilité de vacciner en dehors des heures d’ouverture de l’officine. Les rendez-vous peuvent être pris en conséquence.»

Les pharmaciens restent évidemment libres et indépendants de vacciner ou pas et de mettre en place un tel service dans leur officine. «La seule obligation du pharmacien est de répondre aux critères de qualité qui ont été édictés dans la législation par rapport à la vaccination à partir du moment où il décide d’y participer», conclut Nicolas Echement.

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