Remplacements: «Excessivement difficile de trouver des pharmaciens»

Une seule question préoccupe de très nombreux pharmaciens à l’approche des différentes périodes de congés ou des saisons hivernales: comment trouver un pharmacien remplaçant?

En dehors de la période du Covid en 2021, où plusieurs pharmacies avaient dû fermer leurs portes en Belgique, 2023 est également une année très complexe et tendue comme nous le disent les différents intervenants.

Un état des lieux qui ne s’améliore vraiment pas au fil des années: pour rappel, nous avions déjà constaté dans notre grand sondage (Pharma-Sphere n°271), que 60% des pharmaciens disaient éprouver des difficultés à recruter du personnel (assistant ou pharmacien). Actuellement, le site de l’APB et les sites des différentes unions professionnelles recensent des dizaines d’annonces sans réponse, tant pour les pharmaciens que pour les assistants. Que cela soit pour un jour, une semaine ou un mois, comme nous le confirme Nicolas Echement, porte-parole de l’APB: «La demande est très forte. Ce manque de pharmaciens est aujourd’hui permanent. Nous n’avons toutefois pas de chiffres précis.»

À l’APPL, l’association des pharmaciens de la province de Liège, le président Hugues Lambion le reconnaît aussi: «C’est excessivement difficile de trouver des pharmaciens.» Il avance plusieurs raisons: «Différents éléments entrent en compte: de moins moins de pharmaciens se destinent à l’officine. Ils se tournent aussi plus facilement vers l’industrie et l’hôpital. Par ailleurs, les jeunes pharmaciens ont aussi une autre vision professionnelle. Ils travaillent à un rythme différent. Enfin, le Covid a aussi eu un impact sur cette évolution évidemment.»

Les gardes et les horaires: un problème pour certains
À l’Uphoc, l’union pharmaceutique du Hainaut occidental et central, M. Thiry, pharmacien, ne dit pas autre chose: «Nous avons un site web où l’on publie les petites annonces. Le nombre de demandes est plus important qu’avant. Certaines pharmacies doivent même fermer pendant les vacances. Même pour les assistants, ce n’est pas toujours facile d’en trouver. Enfin, les étudiants en pharmacie qui sortent de l’université ne se dirigent pas vers les officines. Ils évoquent différentes raisons pour réaliser un autre choix: l’aspect financier, le temps de travail, les obligations liées à la profession… La question des gardes est aussi souvent évoquée. Pourtant, les gardes ont déjà évolué. Nous ne faisons plus 7 jours de garde d’affilée.»

Au CERPAN, le cercle royal pharmaceutique de l’arrondissement de Nivelles, le nouveau président, M. Parvais, partage ce sentiment: «Ces dernières années, il y a toujours eu autant de pharmaciens qui sortaient des études, mais ils se dirigeaient vers l’industrie.» Souvent, certains évoquent la question de la garde. Pour lui, la garde n’est pas un problème. «Je fais deux gardes par mois et je ne suis pas épuisé. Je pense qu’il s’agit plus généralement d’une question d’horaire: ils souhaitent parfois terminer plus tôt leur journée. Cela fait un an que l’on cherche quelqu’un. Nous remarquons que travailler dès 8h30 ou jusqu’à 18h30, et même le samedi matin, cela devient difficile. Certains jeunes confrères souhaitent d’autres horaires.»

L’un de nos intervenants, anonymement, nous confirme ce sentiment: «Il n’est pas rare de voir des annonces d’un pharmacien remplaçant qui accepte de travailler de 10h à 17h. Ce ne sont pas vraiment des horaires de pharmacie. On peut comprendre ce choix, mais il n’est pas en phase avec notre quotidien professionnel.»

La pénurie d’assistants aussi
Un autre problème inquiète les pharmaciens: la pénurie d’assistants. Comme le confirme M. Parvais: «Les parents et les plus jeunes ne doivent pas hésiter à parler de ce métier et à encourager les jeunes à s’y investir. Je ne connais pas d’assistants en pharmacie sans emploi. Il faut le dire.»

Les solutions à court terme
Sur le terrain, la recherche de solutions est une priorité: «On y réfléchit. Il y a notamment un travail à faire au niveau des stagiaires pour leur donner le goût et la passion du métier dès le début», ajoute M. Thiry.

Pour sa part, M. Parvais est confiant en l’avenir en relatant les contacts qu’il a dans les différentes universités: «Le nombre de pharmaciens qui vont être proclamés vont presque doubler dans les prochaines années. On peut donc espérer que la pénurie va diminuer en 2024-2025.»

En attendant, c’est le règne de la débrouille: «Nous agissons par le bouche à oreille, on cherche des solutions. On passe par des indépendants. On anticipe actuellement déjà les congés de Toussaint et de Noël.»

La question du tarif
Dans les remplacements, vu la pénurie, les tarifs flambent aussi, comme le confirment plusieurs intervenants: «On est passé de 40 à 80 euros de l’heure en deux ans. Les remplaçants coûtent plus chers qu’avant et nous ne sommes pas nécessairement en position de négocier vu la pénurie.»

Le secteur est donc en évolution et attend avec impatience les jeunes pharmaciens… en espérant qu’ils ne partent pas toutes et tous vers l’industrie ou les hôpitaux. L’APB et les unions professionnelles ont certainement un rôle à jouer à ce niveau!

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Derniers commentaires

  • Cécile THIELENS

    07 juillet 2023

    Ils ont bien raison il est grand temps de revaloriser la profession , de revoir les salaires et de réévaluer l'utilité réelle des gardes