Plus d’un vol et demi par jour en pharmacie

Les faits de violence dans les pharmacies ne diminuent malheureusement pas. Les chiffres de la police fédérale sur les cinq dernières années parlent d’eux-mêmes : 281 en 2018 (23 par mois) 300 en 2019 (25 par mois) 494 en 2020 (41 par mois), 565 en 2021 (47 par mois) et déjà 395 (44 par mois) pour les trois premiers trimestres de 2022. 

Ces chiffres concernent des vols à l’étalage, des vols à main armée ou des vols avec violence sans arme. Encore en avril dernier, un suspect au visage dissimulé, a pénétré dans une pharmacie à Jambes en province de Namur.  Une situation qui inquiète tous les acteurs de terrain comme le rappelle David Desmet, conseiller politique de pharmacy.brussels, l’association des pharmaciens bruxellois : «Quand il y a une agression, nous envoyons un email à nos pharmaciens pour dire qu’un collègue a été victime d’une attaque ou d’une agression. Quelqu’un de notre équipe le contacte aussi dans les 24 heures pour demander ce qu’on peut faire. Si nécessaire, nous pouvons orienter le pharmacien agressé vers un psychologue spécialisé.»

Manque de relation avec la police

Voici 4 ans, les pharmaciens bruxellois avaient tenté de sensibiliser les policiers à cette question de la prévention de la violence : «Nous avons eu des contacts sporadiques avec les responsables des zones de police de Bruxelles. À un certain moment, nous avons eu l’impression que les polices locales n’avaient pas fait de la prévention de la protection des pharmaciens (ou les prestataires de soins) une priorité. Par ailleurs, le projet national de l’APB au niveau de la prévention en matière de sécurité des pharmaciens en collaboration avec la police fédérale et le ministère de l’intérieur se heurtait à plein d’obstacles.»

Pour rappel, depuis plusieurs années, la Direction générale Sécurité et Prévention collabore avec l'Association pharmaceutique belge (APB) au sujet de la sécurité des pharmaciens. Une boite à outils a été créée et mise à jour pour dispenser des conseils sécuritaires que chaque pharmacien peut prendre afin de diminuer le risque de vol ou d'attaque à main armée. (Plus d'infos sur https//www.securitedespharmacies.be)

David Desmet ne compte pas baisser les bras : « Je vais, à la rentrée, reprendre les contacts avec les zones de polices locales de Bruxelles pour les convaincre de l’importance de mener plus d’actions de prévention et collaborer le mieux possible ensemble.»

Du côté des polices locales, on nous signale être « ouvert au dialogue avec les pharmaciens. Près de 700 conseillers en prévention sont disponibles pour les pharmaciens ou et les cabinets médicaux en Belgique. Ce type de service est accessible et gratuits pour des conseils de technoprévention (alarme, vidéosurveillance, sas de sécurité pour les gardes... mais aussi des questions relatives à l’aménagement des pharmacies. » 

Agressions verbales et physiques

Les pharmacies en France doivent faire face au même constat : une hausse des violences envers les pharmaciens avec 366 agressions (verbales, physiques ou vols), déclarées en 2022 ce qui représente une agression par jour. Augmentation de 17 % par rapport à 2019 précise l’Ordre des Pharmaciens français.

En Belgique, l’Ordre des Pharmaciens est très vigilant par rapport à cette problématique comme le rappelle Arnaud Nicolas, directeur administratif de la section francophone de l’Ordre des pharmaciens, « l’Ordre a débloqué des fonds pour aider les pharmaciens en difficulté en se joignant à l’initiative « Médecins en difficulté ». La violence verbale et physique est en augmentation. Nous recevons parfois des vidéos des pharmaciens qui nous demandent du soutien.» Ces moyens sont prévus pour aider les pharmaciens en difficultés face à leur profession (dépression, burnout...) mais aussi pour répondre à des actes de violences verbales physiques ou des vols dans les officines qui laissent toujours des traces morales dans les équipes. «Il nous arrive en effet d’être appelés par des pharmaciens qui ont besoin d’un soutien après une agression...» Arnaud Nicolas rappelle aussi que les pharmaciens de confiance qui sont à l’écoute des pharmaciens en difficulté ne siègent dans aucune structure interne à l’Ordre pour garantir l’indépendance. 

Plus que jamais les pharmaciens et leurs équipes ont besoin de soutien en matière de prévention contre la violence alors qu’ils sont quotidiennement en première ligne.

Le numéro gratuit de Pharmaciens en difficulté: 0800 12 722 (jours ouvrables de 9h à 17h) et l’e-mail : info@pharmaciensendifficulte.be.

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