La télémédecine passera-t-elle par le pharmacien?

La télémédecine est «une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. Elle regroupe cinq actes: la téléconsultation, la télé-expertise, la télésurveillance, la télé-assistance et la régulation médicale». Contrairement à d’autres pays européens et notamment à la France, où depuis 2018 l’Assurance maladie rembourse aussi des téléconsultations, la Belgique ne dispose pas encore d’un cadre légal, mais les choses progressent à petit pas…

La télémédecine est une voie innovante qui s’ouvre pour la consultation médicale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Les patients pourraient consulter leur médecin à distance, par le biais d’Internet et de webcaméras. Ce dispositif est déjà une réalité dans plusieurs pays européens (Suède, Suisse, France). Aux États-Unis et au Canada, le recours à la télémédecine se justifie par l’étendue des territoires. En Belgique, les distances sont moindres, mais les objectifs sont les mêmes: il faut pallier certaines urgences et déficit de médecins dans certaines zones où ils se sont raréfiés et permettre le suivi de certains patients qui peinent à se déplacer.

En théorie, la télémédecine peut être pratiquée partout, dès lors que les liaisons ADSL seront suffisamment performantes.

En pratique, la télémédecine revêt deux applications majeures. L’une porte sur la surveillance médicale à distance. Il s’agit pour le praticien, qui connaît son patient, d’effectuer un suivi et d’interpréter des résultats d’examens médicaux (analyses biologiques, électrocardiogramme, etc.). L’autre consiste en une consultation menée à distance par un médecin via des cabines de consultation. Cette consultation est un acte médical à part entière, à l’issue duquel est établi un diagnostic, basé sur l’analyse de données objectives.

Pour bientôt?

La possibilité de reconnaître la téléconsultation et de la rembourser à certaines conditions est une décision politique. Des textes légaux seraient prêts, mais en attente de validation et du retour d’expérience de projets-pilotes, le but étant d’élaborer des critères et des règles claires afin que la santé mobile trouve une place structurelle dans le secteur des soins de santé. Doivent encore être discutés des aspects comme la sécurité, le respect de la vie privée, les modes de rémunération… Du côté de l’ABSyM (l’association des chambres syndicales des médecins), on se positionne clairement en faveur de la téléconsultation et de la télé-expertise, mais dans un cadre bien établi et contrôlé. Le Conseil national de l’Ordre des médecins vient également de faire une communication et n’a pas d’objection à l’intégration de la téléconsultation dans le système des soins de santé, moyennant un cadre scientifique et juridique et des protocoles validés.

Le pharmacien, acteur légitime

Intégrer activement le pharmacien dans ce type de projet mérite d’être discuté et réfléchi en amont. En France, dans le cadre du plan «ma santé 2022», depuis un an, des zones de confidentialité ont vu le jour dans les pharmacies et le pharmacien a pu développer des activités de télémédecine avec des médecins/spécialistes par exemple.

Les modalités précises de remboursement de la téléconsultation en officine ont été publiées au «Journal officiel» (JO), le 2 septembre. Des conditions strictes doivent être respectées pour pouvoir proposer ce service aux patients. En tant que professionnel de santé accompagnant, le pharmacien assiste le médecin dans la réalisation de certains actes participant à l’examen clinique et accompagne le patient dans la compréhension et la prise en charge proposée. Son rôle consiste à mettre à disposition le plateau technique nécessaire à la réalisation de cet acte à distance. Il doit disposer pour cela d’appareils connectés: un tensiomètre, un oxymètre, un stéthoscope et un otoscope. Un espace de confidentialité est obligatoire et le parcours de soins doit être scrupuleusement respecté. La vidéotransmission doit être réalisée dans un local fermé, pour garantir la confidentialité des échanges. Les données doivent, elles, être sécurisées et réalisées de manière à assurer leur traçabilité. Des conditions définissant les modalités de rémunération ont été définies. Une participation forfaitaire de 1.225 euros permettant aux officinaux de s’équiper la première année est d’abord accordée. Les années suivantes, elle est complétée par un versement de 350 euros. La profession officinale a donc investi le terrain de la télémédecine, que ce soit sous forme de cabine ou de valise. Plusieurs titulaires, le plus souvent à titre individuel, explorent ce nouveau champ d’intervention pour répondre à une urgence grandissante: la disparition progressive, et quasi irréversible, des médecins dans leur commune.

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