L'ABSyM et le Cartel rejettent fermement la vaccination contre la grippe par les pharmaciens

L'ABSyM et le Cartel (GBO-MoDeS-ASGB) dénoncent dans un communiqué commun le projet de loi du Ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, qui vise à permettre aux pharmaciens d'administrer le vaccin contre la grippe. Les deux organisations syndicales médicales, représentant ensemble 10 sièges sur 12 à la Commission nationale médico-mutualiste, qualifient cette mesure de "totalement inacceptable" et contestent son utilité.

Le projet de loi actuellement sur la table autoriserait les pharmaciens à administrer le vaccin contre la grippe saisonnière pour la prochaine saison de vaccination, soit du 1er octobre au 31 décembre 2023. Cette mesure pourrait par la suite être prolongée. Cependant, l'ABSyM et le Cartel s'opposent fermement à cette extension du droit de vaccination pour les pharmaciens, arguant qu'il n'y a aucune preuve que cela soit nécessaire pour augmenter la couverture vaccinale.

Les pharmaciens ont déjà été autorisés à administrer le vaccin contre le Covid-19 en 2021, une mesure présentée à l'époque comme temporaire pendant la durée de l'épidémie. Bien que l'état d'urgence ait été levé en mars 2023, les pharmaciens peuvent toujours vacciner contre le Covid-19, ce qui est contesté juridiquement par l'ABSyM. Les deux syndicats estiment que l'extension du droit de vaccination des pharmaciens au vaccin contre la grippe constitue une nouvelle rupture de parole de la part du ministre Vandenbroucke.

Selon l'exposé des motifs du projet de loi, le recours aux pharmaciens est nécessaire pour atteindre des taux de vaccination contre la grippe plus élevés parmi les populations vulnérables. Toutefois, l'ABSyM et le Cartel soulignent qu'il n'y a aucune preuve que les pharmaciens apportent une valeur ajoutée en tant que vaccinateurs. Au contraire, ils affirment que si les patients vulnérables ne se font plus vacciner par leur médecin, le risque de dommages collatéraux est réel, car ce groupe bénéficierait d'un bilan de santé ou d'un examen préventif.

De plus, les deux syndicats soulignent que le carnet de vaccination (VacciWal/VacciCard), où sont enregistrés tous les vaccins administrés à un même patient, est un élément essentiel de santé publique. Cependant, les pharmaciens n'ont pas encore développé leurs logiciels métier pour pouvoir se connecter aux réseaux de santé wallon et bruxellois, ce qui signifie que les médecins (généralistes ou spécialistes hospitaliers) ou les infirmiers ne pourraient pas visualiser les vaccins administrés par un pharmacien. De même, les patients n'auraient pas une vision complète de leur statut vaccinal en consultant leur carnet de vaccination.

L'ABSyM et le Cartel insistent sur le fait que le médecin généraliste est et reste le détenteur du mandat de prescription de soins. Ils considèrent que le transfert des vaccinations au pharmacien accroît la méfiance envers les autorités et contribue à l'érosion et à la dévalorisation de la profession médicale. Les deux syndicats suggèrent que si les autorités souhaitent réellement augmenter les taux de vaccination, il serait plus logique de livrer les vaccins directement aux cabinets des médecins généralistes afin d'éviter aux patients de passer par une pharmacie.

Fort du mandat reçu des électeurs, l'ABSyM et le Cartel s'opposeront systématiquement à ce projet de loi du ministre Vandenbroucke, qu'ils considèrent comme "un nouveau coup de massue pour le généraliste qui travaille d’arrache-pied " concluent-ils dans leur communiqué commun.

Lire aussi: La SSMG réagit face à la décision du ministre de la santé sur la vaccination en pharmacie

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Derniers commentaires

  • Jean-Paul MISSON

    25 aout 2023

    Restons un peu sérieux. Bien évidemment que la vaccination contre la grippe est un acte médical qui , comme toute vaccination , doit rester dans les mains des médecins. Cela fait partie de la prise en charge globale des patients car à l'occasion de cette vaccination le Médecin peut s'assurer qu'il n'y a pas de risque ainsi que de rappeler au patient certaines choses pour sa santé en général et l'examiner.
    Je dis restons sérieux car quand en consultation spécialisée de neuropédiatrie on vous demande de voir un patient porteur d'un handicap mental pour faire une attestation pour lui permettre de bénéficier du bus de ramassage scolaire plutôt que d'emprunter les transports publics pour se rendre dans son école spéciale, on tombe des nues. Un ministre aurait décidé que cela devait être fait par un médecin spécialiste alors que cela relève du service social ou encore de la médecine scolaire. Non franchement, il serait temps que certains retrouvent un peu de bon sens et redonnent aussi de la valeur aux actes médicaux.
    Donc dans le cas présent La VACCINATION est une ACTE MEDICAL qui doit être effectue par un médecin.