À la suite du Mémorandum de l’APB 2024 et de ses «36 propositions pour renforcer le système des soins de santé en exploitant pleinement le potentiel des pharmaciens d’officine», nous avons parcouru les différents programmes politiques des partis pour vérifier si certains points avaient été repris Petit tour d’horizon.
Au fil des pages de ces programmes, nous n’avons pas nécessairement trouvé les 5 dimensions clés (pour rappel: des soins centrés sur le patient, de nouveaux services de soins en pharmacie d’officine, un modèle économiquement durable pour la pharmacie d’officine, la collaboration dans la chaîne de soins et l’innovation, la technologie et la durabilité en pharmacie d’officine) chez les différents partis.
Le bon médicament au bon moment
Au MR, on rappelle avant tout l’importance de lutter contre les pénuries: «Une révision du système des médicaments est impérative pour résoudre les problèmes tels que la pénurie, garantir l’accès aux bons médicaments au bon moment, réguler le processus d’introduction rapide de médicaments et inclure les patients dans les listes d’essais de médicaments innovants.»
Pour les libéraux, «une refonte du Centre de Référence des Médicaments (CRM) est nécessaire, afin de permettre aux scientifiques d’accorder suffisamment de temps aux dossiers qui leur sont soumis. Enfin, l’utilisation accrue des données (DATA) est indispensable pour une approche plus efficace.»
Le parti insiste aussi sur un soutien aux traitements innovants. Enfin, il souhaite que «les bénéfices des sociétés pharmaceutiques dégagés en Belgique soient réinvestis dans notre pays.»
Améliorer la qualité des documents partagés entre médecins et pharmaciens
Au PS, l’importance de mieux financer la pharmacie clinique et de créer des consultations tenues par des pharmaciens cliniques pour les patients polymédiqués est une priorité: «Nous voulons aussi permettre l’interopérabilité des métiers de la santé via un meilleur partage des données médicales entre l’hôpital et l’ambulatoire (médecins généralistes, pharmaciens, etc.).»
Ils entendent aussi améliorer la qualité des documents médicaux partagés entre les prestataires de soins: «Si aujourd’hui une grande partie des prestataires et institutions de soins éditent leurs documents relatifs aux données du patient (résumé du dossier chez le médecin généraliste, schéma de médication du pharmacien, lettre de sortie ou rapport de consultation à l’hôpital, etc.) et que le nombre de documents partagés est en augmentation constante, il convient d’être attentif à la qualité de ceux-ci.»
La valorisation du rôle des pharmaciens, notamment dans la prise en charge de certains actes de base comme la vaccination ou le suivi de certaines maladies chroniques comme le diabète etc., est aussi très importante pour les socialistes.
Enfin, le PS veut aussi inscrire la formation en prévention du suicide dans le cursus scolaire et/ou dans les formations continues des futurs médecins généralistes, infirmiers, pharmaciens… afin de renforcer leurs compétences dans la détection précoce des signes de détresse, dans l’évaluation des risques suicidaires et dans la gestion des crises suicidaires.
Le dépistage et la prévention par le pharmacien
Du côté des Engagés, le parti souligne qu’il est urgent de reconnaître le rôle de prévention de la santé, de conseil et d’accompagnement des pharmaciens par un code de prestation spécifique dans la nomenclature. Le parti veut aussi que les différents acteurs, dont le pharmacien, réfléchissent ou participent à l’organisation de campagnes de dépistage innovantes pour toucher les personnes qui ne participent pas encore assez aujourd’hui au dépistage du cancer du sein ou colorectal par exemple… voire même, pour les maladies cardiovasculaires, mettre en place des outils pour aider les pharmaciens notamment à mieux identifier les patients à risque et permettre une meilleure prise en charge.
Utilisation responsable des médicaments
Au PTB, on le martèle, la santé est un droit fondamental: tout le monde devrait avoir accès à des soins de qualité. «Nous instaurons un modèle de soins qui met l’accent sur la collaboration et la prévention.»
Parmi leurs priorités, il y a la volonté ferme de rappeler que les médicaments ne sont pas un luxe: «Nous nous attaquons aux pénuries de médicaments. Nous prenons des sanctions contre les firmes pharmaceutiques qui arrêtent la production d’un médicament ou ne le fournissent pas en suffisance.»
Le parti des travailleurs de Belgique entend aussi «encourager l’utilisation responsable des médicaments et interdire la publicité pour les produits médicaux orientée vers les patients.»
Enfin, les pharmaciens «pourraient intégrer des districts de santé locaux, des zones de 100.000 habitants où les gouvernements veillent à ce que tous les services de santé de base soient en place et travaillent en collaboration.»
Des réserves stratégiques de médicaments
Du côté d’Ecolo, l’importance de rapprocher les lieux de soins des lieux de vie en prévoyant des infrastructures de santé de proximité, telles que des maisons médicales interdisciplinaires est mis en exergue: «Il est nécessaire de poursuivre les innovations sur les nouveaux modes de collaboration entre généralistes, personnel infirmier, pharmaciens de référence et psychologues de première ligne (entre autres, via le dossier patient unique et informatisé, copiloté par chaque patient€, qui peut gérer son accès à différents acteurs et actrices de la santé).»
Ils entendent aussi «mieux réguler la consommation des médicaments, diminuer leur prix et lutter contre les pénuries en établissant des réserves stratégiques européennes communes de médicaments essentiels, de vaccins et de matériel médical tout en actionnant les possibilités de la législation européenne sur les brevets en cas de pénurie ou de prix excessifs.»
Enfin, ils veulent «diminuer la surconsommation et la surprescription des médicaments, et respecter la durée de prescription recommandée.»
Un autre aspect concerne les pharmaciens et leur organisation, c’est la réduction de leur empreinte écologique: «Nous voulons créer une cellule entre le Service Public Fédéral (SPF), le KCE et l’INAMI qui propose des mesures structurelles qui permettront aux soins de santé de réduire leur empreinte écologique de 50% d’ici 2030 tout en renforçant leur résilience.»
Le patient à domicile
Chez DéFi, le programme relève la volonté d’étendre l’usage du cannabis médical notamment. Un autre aspect est important pour eux, le rôle du pharmacien pour «privilégier le maintien du patient à domicile».
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