eHealth : les généralistes et les pharmaciens clament leur ras-le-bol

Ce lundi 27 janvier 2020, un service eHealth crucial, qui contrôle la sécurité des échanges électroniques, est tombé en panne, provoquant la débacle chez les médecins, pharmaciens et spécialistes incapables de produire certains actes électroniques auxquels ils sont pourtant contraints. La Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG), le Groupement Belge des Omnipraticiens (GBO) et l’Association Pharmaceutique Belge (APB) expriment leur ras-le-bol car trop souvent soumis à ce type de pannes, alors que la Belgique va vers une digitalisation du système de soins de santé à marche forcée. 

Trop is te veel 

Hier encore les services eHealth étaient indisponibles. Ils assurent le bon fonctionnement, électronique, d’une série de services indispensables pour les médecins, les pharmaciens et bien d’autres prestataires de soins. Les prescriptions électroniques, les attestations de soins électroniques pour le remboursement, les autorisations de remboursements des médicaments ne sont que quelques exemples de ce que permettent les services eHealth. Quand ils sont à l’arrêt, ce sont des milliers de soignants et des centaines de milliers de patients qui sont impactés : ordonnances introuvables par le pharmacien, vérification du droit au remboursement infaisable, facturation électronique impossible pour le médecin généraliste avec comme corollaire le recours au bon vieux papier que le patient devra retourner à la mutuelle. Cette dernière, entretemps, ferme à tour de bras les postes de travail qui traitaient cela ... 

"Le 1er janvier, la prescription électronique a été rendue obligatoire, et quelques jours avant le système n’est pas capable de les transférer adéquatement : risible, pitoyable ou inquiétant ?" se demandent les trois organisations.

Les services eHealth rencontrent des pannes de manière récurrente et inadmissible, qu’elles soient partielles ou totales comme le lundi 27 janvier. Pourtant, les prestataires préviennent depuis longtemps le cabinet et la ministre De Block des problèmes rencontrés sur le terrain et de la difficulté de travailler dans de telles conditions. Ce fut aussi le cas en 2018 mais sans vraiment de réaction efficace. 

"Telle une locomotive d’un train fou, la digitalisation est allée sans cesse plus loin, dans une fuite éperdue vers l’avant : toujours plus d’informatique, toujours plus d’obligation à l’utiliser, toujours plus de pénalisation pour les prestataires ne se coulant pas dans le moule. Les appels à la modération et à la modification du système n’ont rencontré que de pâles réponses voire pas de réponse du tout." dénoncent les trois organisations.

"Trop is te veel ! Les pharmaciens sont débordés par des médicaments sans cesse indisponibles et un système informatique de l’eSanté belge trop souvent en panne. Les généralistes doivent gérer une épidémie de grippe, une charge de travail déjà très élevée partout, une alerte au Coronavirus et ils ne peuvent même pas compter sur le système qu’on les oblige d’utiliser ? Ce n’est pas raisonnable et ce n’est pas sérieux !" poursuivent-ils.

Pour les représentants des généralistes et des pharmaciens "on ne peut déclarer vouloir compter sur les soignants pour l’évolution vers l’informatisation et de l’autre ne pas les écouter en rencontrant leur demande d’un système fiable."

Les soignants en souffrent, certains arrêtent et d’autres sont en burn-out, les patients sont impactés par les conséquences de "ces bricolages permanents" sur leurs documents de santé et "le système n’est pas gouverné ou mal : trop is te veel ! Il est temps que cela change.

Les trois organisations demandent qu’une rencontre soit organisée dans les meilleurs délais par la Ministre et les représentants des médecins généralistes et des pharmaciens. 

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