Depuis septembre 2023, chaque pharmacie belge doit faire l’objet d’un audit externe tous les quatre ans. Un an et demi après l’entrée en vigueur de cette obligation, seuls 287 audits ont été réalisés sur les 3 961 officines concernées, selon les chiffres fournis par l’AFMPS.
C’est ce qu’indique Isabelle Defrance, pharmacienne auditrice et formatrice, qui déplore un manque de sensibilisation sur le terrain. « Aujourd’hui, seulement 7 % des audits externes ont été effectués en Belgique : 23 sur 268 à Bruxelles (9 %), 144 sur 2 580 en Flandre (6 %) et 120 sur 1 113 en Wallonie (11 %) », précise-t-elle.
Les audits, réalisés par des pharmaciens indépendants formés à cet effet, visent à accompagner les titulaires dans l’amélioration continue de la qualité. « Beaucoup de pharmaciens ne comprennent pas ce qu’un audit peut leur apporter », observe Isabelle Defrance. « Pourtant, aucun de ceux que j’ai réalisés ne s’est mal passé. Les auditeurs ne sont pas des contrôleurs. Ils s’adaptent à chaque officine. »
L’audit externe dure environ quatre heures et porte sur trois thématiques : logistique, soins pharmaceutiques et communication. Vingt points prioritaires sont évalués, mais sans impact administratif ou financier. « Le rapport reste confidentiel et ne peut être consulté que par le pharmacien concerné. L’AFMPS n’est même pas informée que l’audit a eu lieu », souligne Laurent Staquet, pharmacien auditeur dans le Hainaut.
Certains manquements reviennent fréquemment. « Le contrôle hebdomadaire des balances ou des gélules est souvent négligé », indique Isabelle Defrance. Elle cite aussi des problèmes de frigo : « Trois pharmacies ont eu des incidents de conservation. Si elles avaient été informées en amont, elles auraient évité des pertes. »
Sur le plan des soins pharmaceutiques, elle insiste sur la nécessité d’encoder les médicaments non soumis à prescription au nom du patient. « Cela doit devenir un réflexe. » Elle rappelle aussi que l’APB propose deux formations annuelles via le programme “Client Mystère”.
Les échanges avec les médecins sont également encouragés. « Organiser une consultation médico-pharmaceutique est le meilleur moyen d’améliorer la collaboration », estime-t-elle.
Le coût de l’audit reste un frein pour certains, reconnaît-elle. « Mais il couvre le temps de préparation, de visite et de rapport. Dans d’autres secteurs, ce serait deux à trois fois plus cher. »
Audité lui-même dans son officine, Laurent Staquet témoigne : « J’ai beaucoup appris. Cet exercice permet de se mettre en ordre avant une inspection. La qualité n’a pas de prix. »
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