Le trou de la Sécu pourrait dépasser les trois milliards d'euros cette année

Le déficit de la Sécurité sociale se creuse davantage que prévu cette année et devrait dépasser les trois milliards d'euros, ont prévenu les responsables des trois grands syndicats dans la presse à la veille d'une réunion du comité de gestion de la Sécu, composé paritairement de représentants des organisations d'employeurs et des syndicats.

Un rapport qui sera soumis vendredi à ce comité de gestion chiffre le déficit à 3,055 milliards d'euros en 2019. Le trou devrait s'élever à 3,5 milliards en 2020 avant de grimper à six milliards d'ici la fin de la nouvelle législature en 2024, selon le journal 'Het Belang van Limburg'.

Les précédentes prévisions, qui datent de juin dernier, estimaient le déficit pour cette année à 1,45 milliard d'euros.

La raison de ce dérapage est les dépenses croissantes liées au vieillissement de la population, qui se traduit par une forte augmentation de la facture des pensions et des soins de santé, alors que les prévisions de croissance du Produit intérieur brut (PIB) ont été revues à la baisse, de 1,3% à 1,1%. 

Dans une lettre ouverte publiée jeudi par le quotidien 'De Standaard', les dirigeants de trois syndicats - le président de la CSC, Marc Leemans, la secrétaire-générale de la FGTB, Miranda Ulens et le président de la CGSLB, Mario Coppens - tirent la sonnette d'alarme. 

Ils réclament, tout comme le président de la FGTB, Robert Vertenueil, dans une interview publiée par 'Le Soir' et sur la radio Bel-RTL, une augmentation des recettes pour financer la Sécu au lieu de nouvelles économies.

«On est assez inquiet», a souligné le président du syndicat socialiste, alors que le gouvernement a décidé sous la législature écoulée (l'équipe Michel 1er, ndlr) de ne plus compenser le déséquilibre de la Sécu dès l'année prochaine. 

«Or sans cette dotation (d'équilibre), nous constatons que la Sécurité sociale n'a plus assez de recettes pour fonctionner», a-t-il ajouté. 

  1. Vertenueil évoque un déficit structurel et une baisse continue des recettes. Pour combler le trou, le président de la FGTB ne voit que deux solutions: trouver un financement alternatif et tailler dans les dépenses.

«En 2016, les cotisations patronales et personnelles représentaient 76,2% des recettes de la Sécu, 72,5% en 2017, 72% en 2018, 71,2% en 2019 et 70,2% en 2020», a souligné le président du syndicat socialiste.

«Autrement dit, la part des recettes du travail dans le financement de la Sécu ne cesse de diminuer», a-t-il poursuivi.

Selon M. Vertenueil, les gouvernements successifs et le dernier en particulier (Michel 1er, ndlr) ont mené des politiques de relance de l'emploi en donnant des cadeaux aux entreprises sous la forme d'une réduction de cotisations sociales et sans exiger de contrepartie de leur part. Entre 2006 et 2017, ces baisses représentent un total de 59,973 milliards d'euros, a chiffré le dirigeant du syndicat socialiste.

Une analyse partagée par MM. Leemans et Coppens ainsi que par Mme Ulens, qui dénoncent dans 'De Standaard' la multiplication des statuts fiscaux, comme celui des «flexijobs», qui ne génèrent pas de cotisations sociales liées au travail. 

La CSC, la FGTB et la CGSLB plaident en faveur de la création de davantage d'emplois stables, capables de créer des cotisations sociales et sur la taxation accrue des revenus sur le capital, afin de refinancer la Sécu. 

Vertenueil a enfin adressé un message préventif aux partis politiques: «Si vous formez un gouvernement en ne prévoyant pas de solution structurelle pour le financement de la Sécu, ce sera pour nous un casus belli. Et il ne faudra pas s'étonner de nous trouver dans la rue et devant les entreprises. On ne va pas laisser détruire cette cathédrale de la protection sociale», a averti le patron de la FGTB, tout en plaidant pour l'instauration d'une cotisation sociale généralisée (CSG) «progressive».

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