Une banque de virus créée pour mieux se protéger contre les prochaines pandémies

La VirusBank Platform de la KU Leuven a été inaugurée mercredi à Heverlee (Brabant flamand) en présence du Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD), du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) et du secrétaire d'État à la Politique scientifique Thomas Dermine (PS). Cette plateforme recueille des souches de virus identifiés afin de mieux armer la société contre les futures pandémies.

L'accord de gouvernement, en septembre 2020, prévoyait la création d'une banque de virus, destinée à conserver les souches de virus déjà identifiés et à les soumettre à des recherches plus approfondies. Cela pourrait permettre de dévelo pper plus rapidement des médicaments ou des vaccins contre les futures épidémies ou pandémies.

La KU Leuven, sous l'impulsion du professeur Johan Neyts (Institut Rega) et de Patrick Chaltin (Centre for Drug Design & Discovery et l'ASBL CISTIM Leuven), a soumis un dossier pour lancer la VirusBank Platform. En décembre 2022, sur proposition du ministre Vandenbroucke, le gouvernement fédéral a donné son feu vert, pour un budget octroyé de 20 millions d'euros.

La plateforme est installée dans le Bio-Incubateur de la KU Leuven, récemment construit à Heverlee. Elle combine l'expertise de l'institut Rega pour la recherche médicale et du Centre for Drug Design & Discovery.

Les virus les moins pathogènes seront étudiés dans le Bio-Incubateur, tandis que les virus les plus pathogènes feront, eux, l'objet d'études plus approfondies à l'institut Rega, sur le site de l'UZ Leuven. À l'intérieur du laboratoire, quatre réfrigérateurs peuvent stocker 60.000 échantillons de virus chacun, à une température de - 80°C. Des congélateurs qui peuvent descendre jusqu'à - 150°C conservent pour leur part des cellules cultivées.

Un large éventail de systèmes de tests et de modèles sera mis au point pour chaque virus susceptible de provoquer une épidémie, a expliqué le professeur Neyts. "Il s'agit notamment de sélectionner les cultures cellulaires et tissulaires appropriées dans lesquelles les virus se multiplient le plus efficacement, de développer des virus rapporteurs (pour mieux comprendre leurs cycles de vie, NDLR) et de mettre en place des tests efficaces pour évaluer l'effet inhibiteur des anticorps et des molécules contre ces virus", a-t-il précisé.

"Nous recherchons les points faibles du virus : parmi les centaines de milliers de gènes, nous cherchons ce qui inhibe la multiplication du virus", a poursuivi le professeur. "C'est un point de départ pour développer des thérapies qui peuvent fonctionner pour toute la famille" virale.

Le laboratoire étudie les virus, d'une part, et les cellules hôtes, dans lesquelles ils peuvent survivre, d'autre part. Par exemple, les chercheurs laissent une cellule entrer en contact avec un agent antiviral et vérifient ensuite si la cellule est toujours intacte en cas de contact avec le virus. C'est ainsi que de potentiels agents antiviraux peuvent être développés.

De nouveaux vaccins et médicaments pourraient ainsi être réalisés grâce à ces recherches. "Si, par exemple, nous avions disposé d'inhibiteurs de virus contre le Sras-CoV-2 au début de l'épidémie en Chine en janvier 2020, nous aurions pu intervenir plus rapidement et la pandémie aurait pu être endiguée", a affirmé le Pr Neyts.

Le Premier ministre Alexander De Croo s'est montré enthousiaste concernant ce laboratoire. "Nous sommes un pays d'innovation. Lors de la crise du Covid-19, le monde a découvert notre écosystème innovant", a-t-il déclaré.

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