Les recteurs tirent la sonnette d'alarme sur la santé mentale des étudiants

Les recteurs des universités francophones ont tiré mardi la sonnette d'alarme sur la dégradation de la santé mentale de nombreux étudiants, appelant les pouvoirs publics à un soutien accru pour financer leur prise en charge.

"Les problèmes de santé mentale chez les étudiants sont encore plus importants que pendant la crise sanitaire. Nos services sociaux débordent!", a averti mardi lors d'une conférence de presse Annemie Schaus, rectrice de l'ULB et actuelle présidente du Conseil des recteurs francophones (Cref).

Une étude menée en 2021 au plus fort de la pandémie de Covid et des mesures de confinement avait montré que 50% des étudiants présentaient des symptômes d'anxiété et 55% des signes de dépression. Mais deux ans plus tard, malgré le reflux du virus, l'état de santé des étudiants ne s'est pas amélioré. Que du contraire, selon les recteurs.

"On assiste à un 'effet retard' bien connu en psychogie", analyse Anne-Sophie Nyssen, rectrice de l'ULiège et professeur de psychologie. "La crise du Covid a amplifié des problèmes qui étaient déjà existants et de nombreux étudiants ont décompensés complètement", s'inquiète-t-elle.

Selon le Cref, ces problèmes se rencontrent auprès des étudiants récemment arrivés à l'université. Pendant la pandémie, ceux-ci ont été privés d'école, et donc de contacts avec d'autres jeunes. Ceux-ci ont été entravés dans leur socialisation et n'ont pas eu l'occasion de tisser un réseau social fort autour d'eux.

Le contexte social, international et environnemental n'aiderait pas non plus les jeunes à voir la vie avec optimisme.

"Il y a dix ans, ils ont été marqués par les attentats terroristes. Ensuite, il y a eu les manifs pour le climat qui sont restées vaines. Puis il y a eu le Covid, la guerre en Ukraine et maintenant tous ces feux de forêts. Pour les jeunes, c'est un véritable cocktail Molotov auquel il faut encore ajouter la montée de la précarité et la nécessité pour certains de travailler (à côté de leurs études)", décrypte Annemie Schaus. 

Conséquence: la sollicitation des services d'aide psychologique au sein des universités est en forte augmentation. Ainsi, à l'ULiège, le nombre de demandes d'aide individuelle adressées par des étudiants est passé de 60 à 400 en l'espace de quelques années à peine, selon sa rectrice.

Durant la crise Covid, le gouvernement de la FWB avait débloqué des moyens supplémentaires pour assurer une assistance psychologique. Si ces moyens ont permis d'améliorer les dispositifs d'aide, ils n'ont toutefois pas permis de "corriger le déficit historique de prise en charge du mal-être mais pas de répondre à l'augmentation chronique des besoins", selon le Cref.

Par ailleurs, ces crédits présentent souvent un caractère provisoire (mêmes s'ils sont renouvelés), ce qui ne permet pas aux universités d'engager "une politique de prévention et de suivi à long terme", déplorent les recteurs.

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