Les drogues toujours plus faciles d'accès en Europe, s'inquiète un rapport

Cannabis, cocaïne, héroïne, mais aussi 41 nouvelles substances enregistrées... L'éventail et la disponibilité des drogues continue de s'élargir en Europe, tout comme leur production, prévient vendredi l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) dans son rapport annuel.

"Je résumerai cette situation ainsi: +Everywhere, Everything, Everyone+ (Partout, tout, tous, NDLR). Les drogues illicites classiques sont désormais largement accessibles tandis que de nouvelles substances à forte teneur en principe actif continuent d'apparaître", analyse Alexis Goosdeel, le directeur de l'observatoire, cité dans un communiqué.

Le Belge insiste notamment sur la nécessité de renforcer les capacités d'analyse médico-légale et toxicologique et les campagnes de sensibilisation.

Le rapport s'inquiète de la large gamme de substances psychoactives disponibles, qui présentent souvent une teneur en principe actif et une pureté élevées.

Comme depuis plusieurs années, la cocaïne produite en Amérique du Sud déferle toujours plus sur le Vieux continent, arrivant en grandes quantités par ses ports dissimulée dans des conteneurs maritimes, avec un total de 303 tonnes saisies en 2021.

Les données préliminaires montrent qu'en 2021, une quantité record de 303 tonnes de cocaïne a été saisie par les États membres de l'UE. La Belgique (96 tonnes), les Pays-Bas (72 tonnes), qui possèdent avec Anvers et Rotterdam les deux plus grands ports maritimes d'Europe, contribuaient pour près de 75 % de la quantité totale saisie. 

Les données suggèrent que les groupes criminels organisés ciblent également davantage de plus petits ports situés dans d'autres pays de l'UE, ainsi que dans les pays limitrophes, souligne l'observatoire.

De l'avis-même des autorités, seule une infime partie du volume de la cocaïne importée en Europe est saisie par les forces de l'ordre. 

Le rapport de l'EMCDDA s'alarme aussi de l'apparition d'ateliers de fabrication de cocaïne sur le territoire européen: 34 laboratoires y ont été démantelés en 2021 (contre 23 en 2020).

La cocaïne est le stimulant illicite le plus plébiscité en Europe, consommée par 3,7 millions d'adultes (15-64 ans) l'an dernier.  

Elle reste loin derrière le cannabis, la première drogue consommée par plus de 22 millions d'adultes européens en 2022.

Le rapport s'inquiète cette année de l'impact des dérivés du cannabis sur la santé publique.

C'est le cas de l'hexahydrocannabinol (HHC), que l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a classé cette semaine sur la liste des produits stupéfiants et interdit à la vente en France. 

Le HHC est devenu le premier cannabinoïde semi-synthétique signalé dans l'UE: il a été détecté dans les deux tiers de ses Etats membres et il est vendu dans certains pays de l'UE comme une alternative "légale" au cannabis.

Environ un million d'Européens ont par ailleurs consommé des opioïdes en 2021, selon l'EMCDDA. L'héroïne reste l'opioïde illicite le plus couramment consommé et sa disponibilité est élevée.  

Les quantités d'héroïne saisies ont plus que doublé en 2021 pour atteindre 9,5 tonnes dans l'UE, ainsi qu'un record de 22,2 tonnes dans la seule Turquie. La quasi-totalité de l'héroïne consommée en Europe provient d'Afghanistan, où les talibans ont annoncé l'interdiction de la culture du pavot à opium en avril 2022.

La guerre en Ukraine a perturbé la logistique de l'héroïne, qui rejoint l'Europe via l'Asie centrale, le Caucase et la mer Noire. Sa disponibilité en Ukraine a ainsi diminué, et favorisé l'utilisation de nouvelles routes.

Contrairement à l'Amérique du Nord, les nouveaux opioïdes de synthèse (par exemple les produits dérivés du fentanyl et les nitazènes) jouent encore un rôle relativement faible sur l'ensemble du marché européen des drogues, bien qu'ils constituent déjà un problème important dans certains pays.

Aux Pays-Bas, les autorités signalent une hausse de la consommation de la kétamine, un anesthésique et analgésique détourné à des fins récréatives, notamment chez les jeunes lors des soirées techno. Les saisies en Europe sont stables depuis plusieurs années (plus d'une tonne).

Le rapport fait également le point sur les nouvelles substances psychoactives (NSP). En 2022, 41 nouvelles drogues ont été signalées pour la première fois sur le Vieux continent, portant le nombre total des nouvelles substances psychoactives surveillées par l'EMCDDA à 930.

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