Variole du singe : des surprises et des questions

La variole du singe n’est pas nouvelle. Elle existait depuis des années en Afrique et était surveillée. Mais l’éclosion d’une épidémie en Occident a donné lieu à des données nouvelles et suscite un certain nombre de questions

Les Centers for Diseases Control (CDC) américains, qui assurent la surveillance épidémiologique aux USA et même dans le monde, ont annoncé la semaine dernière avoir détecté chez l’Oncle Sam deux souches différentes du virus de la variole du singe. La plupart des cas détectés Outre-Atlantique sont dus à la même souche que celle qui a été identifiée en Europe. Mais la découverte d’un second variant donne à penser aux experts que cette autre souche récemment reconnue aurait pu y circuler depuis « un certain temps » sans avoir été identifiée. Si c’est le cas, notent ces experts, cela n’a sans doute pas été très fréquent. Mais cela pourrait compliquer la maîtrise de l’épidémie qui débute hors Afrique depuis quelques semaines. L’opinion de l’Organisation Mondiale de la Santé semble aller dans le même sens.

Fuites hors d’Afrique

Il existe quelques zones d’endémie en Afrique dans les régions de forêt tropicale humide du Centre et de l’Ouest. Elle s’étend parfois vers d’autres régions du continent. Le premier cas chez l’homme avait été identifié en 1970 en République démocratique du Congo chez un jeune garçon. Depuis lors, des cas ont été signalés dans une dizaine de pays africains. Une première épidémie s’est déclarée aux USA en 2003 et des cas sporadiques ont été signalés dans différents pays occidentaux. Deux groupes génétiques ont été identifiés pour le virus de la variole du singe, celui de l’Afrique centrale (bassin du Congo) et celui de l’Afrique de l’Ouest. L’épidémie européenne fait partie d’une sous-variante du virus d’Afrique de l’Ouest.

Le « 2e virus » détecté aux USA serait une autre variante du même groupe (Afrique de l’Ouest) mais ne ferait pas partie du sous-groupe européen. Sa provenance est pour l’instant malaisée à préciser.  A la mi-mai, un groupe familial atteint avait été repéré au Royaume-Uni. Ce qui est interpellant, c’est que ces cas n’avaient aucun lien avec un cas importé du Nigeria dans le même pays, signalé le 7 mai. Depuis lors, d’autres cas ont été signalés en Europe, sans relation eux aussi avec des déplacements vers des régions d’endémie. Des questions restent donc ouvertes sur le mode de dissémination, même si on avait initialement décrit un profil à risque, celui de l’homme jeune ayant eu des relations sexuelles avec un autre homme. Cette description, outre le risque de stigmatiser certaines personnes, est manifestement trop courte.

Une seule souche mais…

En Belgique, seul le variant de l’Afrique de l’Ouest est actuellement présent. A la date du 8 juin, l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) recensait 17 cas dans notre pays. Au 10 juin 2022, selon Sciensano, 34 cas confirmés ont été identifiés en Belgique. Il s'agit de 17 cas en Flandre, 15 cas à Bruxelles et 2 cas en Wallonie. Tous les cas sont des hommes âgés de 20 à 51 ans. Une personne a été hospitalisée, pour des raisons d'isolement. On voit donc que l’épidémie progresse. Les experts nationaux et internationaux ont d’ailleurs mis en garde contre un risque de propagation plus importante avec la venue de l’été, époque des grands rassemblements de foule, dans les festivals par exemple. Voilà donc une affaire à suivre de près.

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Derniers commentaires

  • Claude Leopold Jadot

    13 juin 2022

    17 cas en Flandre, 15 à Bruxelles, 2 en Wallonie, voilà une vraie "épidémie" qui "menace dangereusement" la Belgique!
    Même si c'est une maladie bénigne, jamais mortelle et qui guéri spontanément!
    Vite, un vaccin!