L’argent ne fait pas le bonheur, dit l’adage – auquel on a pris le pli d’ajouter un « mais ça aide quand même » entendu. Et la santé ?
L’écolo Philippe Defeyt, à la tête de l’Institut du développement durable, s’est penché sur « le bonheur des Belges ». Un état moins sensible, dit-il, aux conditions matérielles que la « satisfaction de vie », perméable à la conjoncture socio-économique. Pour « quantifier » la situation chez nous, il a brassé les trois vagues les plus récentes de l'European Social Survey.
Le bonheur arrive plus haut (7,71 sur 10) que la satisfaction (7,42), sans différences hommes-femmes significatives. Les deux scores sont plus bas en Wallonie qu’en Flandre, tandis qu’il y a peu de différences entre la Wallonie et Bruxelles.
Existe-t-il un rapport avec la santé (subjective) ? Les personnes qui se considèrent en bonne santé ont tendance à être plus satisfaits et plus heureux. La satisfaction fait un bond plus marqué quand on passe d'un état de santé ‘médiocre’ à ‘moyen’, a observé l’économiste.
Mais il nuance aussitôt : « les corrélations mises en évidence ne sont pas automatiquement des causalités directes ». Les scores sont des moyennes, basées sur une distribution de réponses s'étalant de 0 à 10. Parmi ceux qui déclarent un niveau de santé (très) médiocre, 40% affirment – « malgré tout » – avoir un niveau de satisfaction de vie égal à 7 ou plus. Inversement, presque 10% des personnes qui s'estiment en excellente santé déclarent un niveau de satisfaction de vie égal à maximum 6. « Il est donc faux de penser qu'une bonne santé rend plus satisfait et plus heureux. » Tout au plus peut-on dire qu’elle y contribue chez certains.
Autre constat de Philippe Defeyt : les personnes qui considèrent qu’en Belgique, l'état des services de santé est bon, tendent aussi à afficher un degré de satisfaction et de bonheur plus élevé