Renfort de l'armée: "Nous n'avons pas une réserve inépuisable" (Général-major Pierre Neirinckx)

Les hôpitaux aux quatre coins du pays manquent de personnel. Les maisons de repos supportent le choc pour l’instant mais elles pourraient prochainement avoir besoin de renfort. Inévitablement, tous les regards se portent sur l’armée. Rencontre avec le Médecin Général-major de la Défense belge

Pierre Neirinckx, Médecin Général-major de la Défense belge est conscient des attentes de la population. Il peut compter sur la composante médicale de 1400 personnes : « Sur le nombre de personnels de la Composante Médicale, il faut non seulement compter nos équipes de première ligne, de spécialistes hospitaliers, d’infirmiers-ères et d’ambulanciers, mais il faut aussi compter nos importantes équipes logistiques et administratives en soutien de nos activités de soins, en ce compris ces aspects logistiques particuliers pour la Covid-19, comme dans tout autre structure sanitaire... Tous ne sont pas des soignants. Dans le groupe des professionnels de santé, ce personnel n’attend pas d’être appelé : ils sont déjà occupés à soigner des patients depuis le début de la crise. »

L’armée pourra apporter son soutien si un hôpital ou une maison de repos en Belgique le demande via les canaux officiels. « Il faut aussi mener une réflexion qui doit s’installer dans la durée. Nous n’avons pas une réserve inépuisable. Il y a différentes options tant quantitatives que qualitatives qu’il faut étudier avec sérieux et rigueur ensemble avec les autorités sanitaires du Pays. »

Des médecins disponibles ?

Il se veut clair « Il n’y a pas de médecins à l’armée qui attendent les bras croisés. Les médecins militaires sont soit en opération, en attente d’un départ ou en congé de retour de mission, soit sur le terrain en appui des troupes en entrainement ; et quand ils ne sont pas à la Défense, ils sont aussi impliqués dans les hôpitaux ou dans les cabinets de médecine générale civils. Depuis le début de la crise, avec nos Confrères civils, ils sont quotidiennement actifs dans leurs spécialités respectives. Aucun n’est en train d’attendre d’être mobilisé…. »

Déjà en soutien depuis mars

Concrètement, les 1400 personnes souvent citées ne sont pas à l’arrêt depuis des mois dans une caserne à attendre qu’une crise survienne : « Depuis le mois de mars, nous n’avons pas arrêté. Les gens ne s’en rendent pas compte. Nos soignants s’occupent des patients « grands brûlés » 24 h/24, en consultation ou en hospitalisation de nos 26 lits dans notre hôpital de Neder-Over-Hembeek.» Pour rappel, la législation pour les lits brûlés imposent 3 infirmiers par lit. « A cela il faut ajouter, les personnels médecins, infirmier et ambulanciers présents 24h/24h pour le Smur. Ils travaillent tous les jours, toute l’année. »

Evidemment, les tâches quotidiennes de la Défense doivent être poursuivies : « des infirmiers sont déployés en opération, certains se préparent à partir, d’autres rentrent de mission ; d’autres sont en charge de la vaccination des militaires qui se préparent pour les opérations. On ne peut pas s’en passer. Il y a des infirmiers pour la sélection médicale des recrues et pour les examens d’aptitudes médicales pour les militaires qui vont être déployés à l’étranger dans un futur proche. On ne peut pas s’en passer non plus. » Une fois que le décompte est terminé... Il reste, suivant les jours, quelques soignants disponibles. « Là, il faut décider où on les affecte au mieux selon la nature des demandes qui pourraient être faites. »

Quelles réserves alors ?

Les activités opérationnelles de la Défense continuent et on a des engagements internationaux que l’on ne peut pas arrêter et qui mobilisent des ressources. « On va évidemment aider les structures sur le terrain. Toutefois pour libérer plus de personnels soignant, il faudra que l’on fasse des choix ! C’est ce que la Ministre de la Défense présentera au Conseil des Ministres vendredi »

L’armée pourrait aussi jouer un rôle comme dans la première vague pour la désinfection : « Nos vétérinaires et nos assistants vétérinaires et les personnels logistiques affectés sont disponibles pour les procédures de désinfections. On a eu aussi des infirmiers qui donnent cours et qui ont été en maison de repos pour aider à renforcer les mesures d’hygiène lors de la première vague. »

En matière de cas covid positif à la Défense. « la croissance de la courbe à la Défense suit celle de la population générale…. » conclut le Général-major.

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    26 octobre 2020

    Ah! ce bon Ministre Léo Delcroix! Lui au moins, il prévoyait l'avenir (le sien aussi,...)
    Wiki:
    "Licencié en philologie classique et en droit des Université d'Anvers et Louvain, il étudiera également l'économie au Centre universitaire du Limbourg. Il adhère au CVP en 1984. Il est coopté sénateur en 1991 et sénateur de communauté de 1995 à 1999.
    Leo Delcroix devient ministre de la Défense du 29 septembre 1991 au 7 mars 1992 sous le Gouvernement Dehaene I.
    On lui doit :
    * la suspension du service militaire obligatoire
    * la réduction des troupes
    ... ...
    Il démissionne de son poste de ministre de la Défense nationale après la révélation par le magazine Humo de l'existence d'une villa à Bormes-les-Mimosas dans le sud de la France, villa dans laquelle des employés de la Poste ont travaillé sans être déclarés.
    Son nom apparaît aussi dans le scandale du Smeerpijp. "

    Moralité: les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent!