Neuf travailleurs des soins sur dix ont été victimes de violence pendant l'année

Près de 90% des membres du personnel d'un service de secours ou d'un établissement ont déclaré avoir été victimes de violence au cours de l'année écoulée, selon une étude de l'institut Vias publiée jeudi. Les trois quarts rapportent avoir été insultés, tandis qu'un sur deux a subi une agression physique.

L'enquête, dans laquelle 1.711 personnes issues de tout le pays ont été interrogées, se concentre sur trois types de violences : violences verbales, violences physiques et menaces.

Pour la première catégorie, 15% des répondants indiquent être victimes d'insultes chaque semaine. Les trois quarts (73,7%) en ont fait l'expérience au moins une fois au cours des 12 derniers mois, tandis que 45,6% expliquent être confrontés à des cris à une fréquence allant d'une fois par jour à une fois par mois. 

Plus graves encore, les violences physiques sur les personnes et sur leur matériel ont concerné près de la moitié des sondés (47%) pendant l'année. Il s'agit de dégradations d'objets, de bousculades, d'empoignades, de coups, de crachats? Un répondant sur sept rapporte être victime de coups de pieds et d'empoignades chaque mois.

Dans cette catégorie, les femmes se déclarent plus souvent victimes que les hommes (52,1% contre 46,6%). Elles sont par ailleurs nettement plus touchées par les violences sexistes et sexuelles, telles qu'attouchements, commentaires lubriques, sifflements voire viols. A ce sujet, 55,2% des femmes répondantes affirment avoir vécu de telles agressions au moins une fois au cours de l'année, contre 18% des hommes.

Six répondants et répondantes - l'enquête ne précisant pas le sexe - ont même été jusqu'à subir un viol pendant l'exercice de leur fonction. 

Quant aux menaces, près de deux tiers (61%) des membres du personnel disent en avoir été l'objet pendant l'année. Pour 22%, ce sont même des proches qui étaient visés.

Parmi les conséquences de ces violences, les travailleurs déclarent ressentir du stress (68% des sondés), des troubles du sommeil (51%) et une baisse de satisfaction au travail (51%). Un tiers d'entre eux (36%) envisagent même de changer d'emploi. D'autres conséquences, telles que l'absentéisme voire l'incapacité de travail sont également citées.

Le profil des agresseurs est en majorité (56,3% des cas) celui du patient soigné par la victime, suivi par un proche du patient (19,1%). Pour un répondant sur dix, l'auteur de l'agression est un collègue, voire un supérieur dans un cas sur vingt. Un peu plus de 8% rapportent enfin qu'il s'agissait d'une simple personne présente sur place.

Beaucoup de ces actes ne sont pas dénoncés, seul un travailleur sur trois (35%) signalant les faits les plus marquants à sa hiérarchie et un sur sept déclarant avoir déposé une plainte auprès de la police. La principale raison invoquée est que l'affaire elle-même n'est pas "suffisamment grave", indique le rapport.

Pourtant, l'un des premiers enjeux pour enrayer le phénomène est le signalement, souligne Vias : "Il faut encourager les victimes à dénoncer ce type d'agissements le plus possible. Plus les victimes seront soutenues dans cette démarche, plus il sera possible de développer des réponses ciblées, adaptées aux contextes, aux profils des agresseurs et aux types d'agression. Les raisons de ne pas déclarer les faits peuvent être diverses, mais ces actes ne doivent en aucun cas être perçus comme faisant 'partie du travail'".

> Découvrir l'intégralité du rapport 

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    27 juin 2025

    N'oublions pas que la trop longue durée d'un dépôt de plainte, l'absence de suite par les parquets, l'inapplication des sanctions dans les rares cas où il y en a (prisons saturées), tout cela est démotivant pour déposer une plainte...
    Si on rêve de tolérance zéro, il faut s'en donner les moyens, et la rendre "attractive"...