Diagnostic et traitement du TDA/H : le CSS veut mettre le MG sur la touche

Le Consel supérieur de la santé (CSS) estime, dans un avis paru mardi, qu'il est nécessaire d'adapter l'organisation des soins de santé mentale et le remboursement des médicaments utilisés pour soigner le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Il recommande notamment le remboursement de toutes les formes de médicaments et d'exclure le généraliste du diagnostic et du traitement.

Après s'être penché sur ce trouble en 2011 et 2013, le CSS a actualisé sa position à la demande du SPF Santé publique. Il a ainsi élargi ses recommandations aux adultes, qui "devraient eux aussi être orientés vers un spécialiste des soins de santé mentale ayant une formation dans le diagnostic et le traitement du TDA/H à l'âge adulte, de préférence en collaboration avec un psychologue ou un orthopédagogue clinicien", pointe le Conseil. Ce diagnostic est en effet l'affaire "d'experts de deuxième ou troisième ligne", et non des médecins généralistes, enseignants et autres professionnels de première ligne, souligne-t-i l.

Concrètement, le CSS préconise, à tout âge, de commencer par une offre psychoéducative pour le patient lui-même et son entourage, afin que tous soient informés du développement et de l'évolution des symptômes du TDA/H, de l'impact de ces symptômes sur la vie quotidienne, de l'influence de leur environnement et des options de traitement. Si cette approche se révèle insuffisante, d'autres interventions (choisies en fonction de l'âge, de la sévérité du trouble, de la présence d'autres pathologies, de l'effet des mesures déjà prises ou encore des préférences du patient) doivent être envisagées.

Côté médicaments, le CSS juge qu'il faut étendre le remboursement actuel du méthylphénidate (un psychostimulant utilisé dans le traitement du TDA/H) "à toutes les formes de médicaments à libération retardée". Il estime en outre que le critère d'âge (fixé à l'intervalle de 6 à 17 ans) doit être abandonné et préconise de rendre possible le remboursement simultané de deux formes de méthylphénidate (à courte et longue durée d'action).

Le Conseil supérieur de la santé précise que les traitements médicamenteux ne sont pas recommandés en dessous de 6 ans. Parmi les solutions non médicamenteuses, le CSS pointe, au cas par cas, les programmes d'entrainement aux habiletés parentales, la formation des enseignants et la thérapie cognitivocomportementale.

Concernant d'autres types d'intervention (comme la relaxation, les thérapies créatives, le neurofeedback ou l'entraînement cognitif informatisé), le Conseil indique qu'il ne dispose pas de preuves scientifiques suffisantes pour les recommander. Si l'exercice physique et une alimentation saine sont "évidemment conseillés", aucun régime spécifique ne se démarque non plus.

"Les interventions non médicamenteuses ne sont actuellement pas suffisamment disponibles et accessibles", regrette par ailleurs l'organe. Trop peu remboursée ou indisponible, l'aide psychologique fait en effet défaut à de nombreuses familles. Il faut donc davantage de professionnels formés aux programmes d'accompagnement, un meilleur remboursement des psychologues, davantage de programmes d'entraînement aux habiletés parentales, et une meilleure formation des enseignants à ce sujet, résume le CSS, réitérant ainsi ses recommandations de 2013. "Il faut en outre investir dans des équipes plus multidisciplinaires", ajoute-t-il.

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