Lancement d'un site de prévention sur le chemsex pour les homosexuels

L'Observatoire du sida et des sexualités et l'ASBL Ex Æquo ont lancé au café Le Belgica à Bruxelles, le site internet Chemsex.be, en présence d'un représentant de la secrétaire d'Etat bruxelloise Cécile Jodogne, ministre membre de la Commission communautaire française (COCOF) en charge de la Politique de Santé. Cet outil vise à réduire les risques liés à la consommation de drogues dans un contexte sexuel, et ce chez les hommes ayant des relations avec d'autres hommes.

Le vocable «chemsex» (pour chemical-sex) fait référence à l'émergence récente de pratiques associant la prise de nouveaux produits de synthèse (GHB/GBL, kétamine ou 3MMC-4MEC) à l'acte sexuel. Les substances utilisées provoquent des effets de types hallucinogènes, psychostimulantes, empathogènes (donnant l'impression de pouvoir ressentir à la place de l'autre) ou encore entactogènes (amplifiant les effets du contact physique).

Financé par la COCOF, le site vise à informer les usagers et les professionnels du secteur sur l'usage des drogues en lien avec les rapports sexuels entre hommes. Il présente les moyens de réduire les risques en fonction des drogues consommées, les mélanges à éviter, des textes de loi, les lieux et pratiques du chemsex, les moyens de porter plainte en cas d'abus, une bibliographie ou encore une liste des ressources existantes. «On veut que les gens acquièrent de bons réflexes en s'informant et que s'ils ne gèrent plus, ils cherchent de l'aide», explique Stephen Barris, coordinateur à Ex Æquo.

L'association coordonne un dispositif d'accompagnement pour les usagers du chemsex à Bruxelles. «Notre mission principale est la lutte contre le VIH et les IST , mais elle est en train de changer puisqu'une personne séropositive sous traitement ne transmet plus le virus et que la PreP (prophylaxie pré-exposition) permet aux personnes séronégatives de ne pas être infectées même si elles sont exposées», continue Stephen Barris. «On est donc en train de s'ouvrir à la santé globale». Pour le chemsex, l'ASBL propose notamment un accompagnement par des homosexuels, des entretiens individuels et des groupes de parole collectifs. Elle se pose comme une articulati on avec le monde médical et les associations qui s'occupent de toxicomanie. Stephen Barris s'inquiète plus particulièrement des injections de crystal ou de cocaïne qui posent des questions d'infections avec les aiguilles, mais aussi de drogues plus communes comme le GHB qui peuvent être mortelles si mal dosées. 

Certains professionnels vont jusqu'à évoquer 'une bombe à retardement de santé publique'. Dans la continuité d'une recherche exploratoire quantitative menée en 2017 2017, l'Observatoire du sida et des sexualités a initié en janvier une étude qualitative par entretiens à Liège et à Bruxelles. Sandrine Detandt, chercheuse à l'Observatoire du sida et des sexualités, a d'ores et déjà rencontré 41 homosexuels pratiquant le chemsex: «Jusqu'ici en Belgique, on avait surtout des messages relativement alarmistes, surtout issus de la Grande-Bretagne ou de la France, qui véhiculaient une forme de 'panique morale' autour du chemsex, perçu comme le nouveau fléau qui touche les gays. On voulait avoir une vision plus subtile de ces pratiques. (...) Le fait de consommer des drogues et d'avoir des pratiques sexuelles n'est pas quelque chose de nouveau, mais je m'interrogeais sur le fait que cela prenne une terminologie spécifique à un moment où la prise en charge du VIH est de plus en plus globale, mais qu'on connaît une recrudescence inédite des IST dans les milieux homosexuels mais aussi hétérosexuels. Beaucoup de professionnels du secteur de la santé mentale s'inquiétaient aussi d'avoir de plus en plus de patients issus de cette réalité-là et devant lesquels ils se sentaient démunis». D'après ses premières constations, elle remarque qu'un public éduqué et professionnellement actif est ici touché.

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