L'ABSyM demande des tests sérologiques pour l'ensemble de la population

L'Association belge des Syndicats médicaux (ABSyM) a demandé mardi au gouvernement d'autoriser la mise à disposition des tests sérologiques pour l'ensemble de la population. "Lorsque les stocks ne sont pas mis en danger, le Belge a le droit de savoir s'il est atteint ou non par le coronavirus", estime l'ABSyM. La ministre de la Santé, Maggie De Block, a pour sa part indiqué qu'il est prévu de permettre la réalisation de tests pour des patients hors des groupes cibles, sans remboursement de la part de l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami).

L'ABSyM souligne en effet que, dans un arrêté royal, le gouvernement interdit la réalisation du test si le patient est hors critères de dépistage définis par Sciensano. "Cela signifie en clair qu'un employeur qui voudrait dépister son personnel (en l'occurrence ici la Stib) ou qu'un citoyen qui voudrait connaître son statut pour quelque raison que ce soit ne serait pas autorisé à le faire", regrette l'association. La société de transports intercommunaux bruxellois a en effet marqué lundi sa volonté de lancer une campagne de dépistage interne pour rassurer ses collaborateurs après le décès de l'un de ses chauffeurs, testé positif au nouveau coronavirus. Le lien entre ce décès et le coronavirus n'a toutefois pas encore été établi avec certitude.

Les seules possibilités pour le citoyen d'effectuer ce test, sont soit de mentir à son médecin pour rentrer dans les critères, soit de faire le dépistage dans les pays voisins comme l'Allemagne ou le Luxembourg, pointe l'ABSyM.

L'association explique que le motif avancé pour cette interdiction est le risque de pénurie de tests. Mais selon elle, "si ce risque est bien réel pour le testing PCR , il n'existe aucun risque de pénurie concernant les sérologies" qui, elles, renseignent sur la présence d'anticorps et donc sur une contamination passée. "La décision d'interdire au public les tests sérologiques n'est donc pas liée à une pénurie mais semble être un acte exclusivement politique de la part de la ministre De Block", estime l'organisation.

L'ABSyM demande donc que des tests sérologiques soient possibles pour l'ensemble de la population. "Soit ils sont remboursés pour les patients qui correspondent aux critères de remboursement, soit ils sont à charge du patient s'ils sont hors critères", conclut l'association.

De son côté, le cabinet de la ministre de la Santé publique, Maggie De Block, confirme que les tests sérologiques sont remboursés pour certains groupes de patients et rappelle que "l'Inami a communiqué la semaine passée à ce sujet".

Mais la ministre indique également qu'"il est prévu de permettre la réalisation de tests pour des patients hors de ces groupes cibles, sans remboursement de la part de l'Inami. Ce week-end, un prix plafond a d'ailleurs déjà été fixé (9,60 euros)."

"Les avis scientifiques divergent à propos de l'utilité des tests sérologiques. Il ne faudrait donc pas qu'un faux sentiment de sécurité apparaisse auprès des personnes ayant reçu le résultat d'un tel test. La détection d'anticorps ne veut pas dire qu'une personne a nécessairement développé une immunité face à la maladie", souligne la ministre de la Santé.

De son côté, la Stib a réagi mardi en soulignant avoir "bien compris que ce n'était pas les recommandations des scientifiques et des experts en matière de santé publique de mettre en place un testing global". "Nous avons toujours suivi les recommandations et continuons de le faire afin de prendre les meilleures mesures possibles pour notre personnel. Nous suivrons toutes les recommandations en matière de tracing."

Néanmoins, nuance-t-elle, au vu de la grogne d'une partie de son personnel et des rassemblements dans les dépôts et "en concertation avec la médecine du travail, nous envisageons dans ces circonstances particulières l'opportunité de tester quand même certains groupes à risque parmi notre personnel dans les délais les plus brefs", explique la porte-parole de la Stib, Françoise Ledune.

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Derniers commentaires

  • Harry DORCHY

    26 mai 2020

    HETEROGENEITE DE LA PANDEMIE COVID-19 ET DIMINUTION DU SEUIL D’IMMUNITE COLLECTIVE AVEC MULTIPLICATION DES TESTS POOUR TOUTE LA POPULATION

    Le seuil d'immunité collective face au Covid-19 pourrait se situer entre 10 et 20 % seulement, bien au-dessous des estimations initiales soit 60 à 70%. La plupart des modèles utilisés en santé publique pour estimer ce seuil datent de plus de cinquante ans et se basent sur l’individu moyen et une contagiosité homogène. Mais nous savons aujourd’hui que nous ne pouvons pas considérer l’individu moyen pour ce genre de calculs, car il existe une grande hétérogénéité dans cette pandémie (Lise Barnéoud, Mediapart.fr du samedi 23 mai 2020) :

    -HETEROGENEITE GEOGRAPHIQUE : le virus n’atteint pas toutes les zones de la même manière
    -HETEROGENEITE INDIVIDUELLE :
    1) certains individus sont plus susceptibles d’être infectés et de transmettre le virus que d’autres. En Chine, il a été montré que 9% des sujets infectés sont responsables de 80% des cas de contaminations secondaires. Ils sont appelés les «superspreaders». Ils contaminent préférentiellement les personnes avec qui ils ont eu des contacts proches et prolongés, surtout en lieu clos.
    2) certains individus émettent plus de postillons que d’autres.
    3) La durée de contagiosité n’est pas la même pour tous les malades.
    4) Le degré d’immunisation varie d’un individu à l’autre

    Laurent Hébert-Dufresne (College of engineering and mathematical sciences, University of Vermont, USA) a calculé, en tenant compte des hétérogénéités que le seuil d’immunité collective devrait se situer autour de 14%. Le résultat de ce modèle est aussi conditionné par la distanciation physique. Donc ceci ne veut pas dire que les masques, distances physiques, etc sont inutiles ! Avec un taux moyen de létalité du virus qui tourne autour de 0,7 %, même si l’épidémie n’infectait que 20 % de la population, cela se traduirait inévitablement par de nombreux morts…

    MULTIPLICATION DES TESTS POUR AIDER A LA CONSTRUCTION DE L’IMMUNITE COLLECTIVE
    «En combinant un screening complet de la population à l’aide de tests sérologiques et des tests de diagnostics plus rapides, nous pourrions aspirer à une sortie plus sûre de la crise, avec une prise en charge précoce et sans créer de nouvelle flambée de Covid-19» (Fondation ULB). Mais politiciens et certains scientifiques continuent à tergiverser, comme Sciensano qui affirme que les indications de des tests sérologiques sont uniquement la confirmation du diagnostic de covid chez les malades suspects, mais dont la PCR est négative, et pour les personnels travaillant dans les hôpitaux ou les collectivités à haut risque d’exposition au covid…

    BRAVO L’ABSYM POUR CET AVIS CONSTRUCTIF