D’après le rédac-chef du Lancet, « les 14.000 décès covid-19 belges étaient largement évitables »

« Votre système politique a échoué. La majorité de ces 14.000 décès liés au coronavirus en Belgique auraient pu être évités », a affirmé Richard Horton à la Chambre. Le rédacteur en chef du Lancet avait été convié à assister – par voie numérique – à la réunion de la commission chargée de l’évaluation de la pandémie Covid-19.

La Belgique n’est toutefois pas la seule mauvaise élève : comme l’ont relayé plusieurs quotidiens belges Richard Horton est convaincu que la plupart des pays européens ont fait des erreurs dans la gestion de la crise. Le rédacteur en chef de la célèbre revue médicale britannique en a profité pour plaider pour sa chapelle. « Si les politiciens avaient lu nos articles à temps, ils auraient su beaucoup plus rapidement que nous étions à la veille d’une pandémie globale… or cette prise de conscience ne s’est faite qu’en mars, pas lors de la publication des premiers articles en janvier. »

Richard Horton s’est donc montré extrêmement critique vis-à-vis du monde politique, mais aussi tout particulièrement de l’approche chaotique de notre pays. « Ce système typiquement belge n’a pas arrangé les choses et la majorité de ces 14.000 décès auraient pu être évités. Des gens sont morts à cause de cette organisation politique, cela devrait tout de même vous faire réfléchir », a-t-il déclaré.

Il a encore évoqué quelques étapes cruciales pour sortir de la pandémie. Il est notamment important d’investir dans la première ligne. « Les généralistes, les pharmaciens, les centres de santé locaux : ce sont eux qui doivent étouffer dans l’œuf les foyers localisés, ce qui permettrait de rendre le confinement superflu. » Sa stratégie se résume en quatre mots : dépister, tracer, isoler et soigner.

« Les entreprises, les écoles, les commerçants, les pharmacies, les clubs de sport, etc. vont aussi devoir unir leurs forces. Nous devons prendre soin les uns des autres – une mentalité qui s’est un peu perdue ces dernières années », ajoute-t-il en égratignant au passage la globalisation à outrance.

« Enfin, il est aussi important de donner de l’espoir aux gens. Nos dirigeants politiques ont un rôle à jouer à cet égard, en proposant un plan national de relance sur le plan social, économique et culturel. La population a besoin d’une vision claire, qui n’est possible que si tous les politiciens font bloc. Il faut une vraie stratégie, portée par un leader communicatif unique qui s’efforce de restaurer la confiance. » Un message qui n’est évidemment pas nouveau et qui rejoint l’appel déjà formulé à une « unité de commandement ».

Richard Horton rappelle encore qu’un vaccin ne sera pas la solution miracle. Le principal défi dans ce domaine sera, d’après lui, la lutte contre les mouvements anti-vaccins qui cherchent à miner la confiance du public. Les gouvernements devraient s’attacher dès à présent à préparer la population à la vaccination.

Onze candidats se trouvent actuellement au stade des essais cliniques, a-t-il encore précisé. « Nous sommes bien partis pour avoir un vaccin d’ici au printemps, ce qui nous permettrait de fabriquer environ un milliard de doses pour l’été ou l’automne… le tout étant ensuite de les partager d’une façon correcte et équilibrée. »

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.