Un insecticide, l'endosulfan, utilisé en trop grandes quantités sur des arbres fruitiers a provoqué la mort de 13 enfants en juin 2012 au Bangladesh, d'une inflammation du cerveau, selon une étude internationale publiée lundi, qui remet en cause l'explication initiale. Tous ces décès, qui sont intervenus une vingtaine d'heures après l'apparition des symptômes, ont été officiellement attribués à une réaction à une toxine se trouvant naturellement dans les graines de litchis, des fruits cultivés en Chine et en Asie du sud, précisent les auteurs dans l'American Journal of Tropical Medicine and Hygiene.
Des décès provoqués par le même syndrome d'encéphalite aiguë ont également été enregistrés en Inde, à proximité de cultures de ces arbres fruitiers, et les scientifiques ont conclu qu'une réaction à cette toxine en était la cause, selon une analyse publiée dans la revue médicale britannique, The Lancet.
Mais les auteurs de l'étude parue lundi contestent ces conclusions. "Notre enquête suggère que cette toxine n'a pas pu provoquer cette inflammation cérébrale mortelle chez ces enfants au Bangladesh en 2012", conclut Saiful Islam, un scientifique au Centre international de recherche sur les maladies responsables de diarrhées à Dacca et principal auteur de ces travaux.
La maladie mortelle a été provoquée "le plus probablement par une exposition multiple à des substances agro-chimiques très toxiques", affirme le chercheur. "Ces décès se sont produits au moment de la récolte des litchis et de leur consommation partout au Bangladesh. Si les graines étaient en cause, il y aurait eu d'autres cas à travers le pays pas seulement à un seul endroit", souligne M. Islam.
Lui et ses collègues ainsi que des chercheurs des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), ont fondé leurs conclusions sur une enquête très étendue de quatorze cas de ce syndrome cérébral chez des enfants âgés de un à douze ans signalés en juin 2012 dans le district de Dinajpur dans le nord du Bangladesh. Seul un de ces enfants a survécu.
Les scientifiques ont découvert qu'au moment de la flambée de ce syndrome, les producteurs de ces fruits utilisaient de l'endosulfan, un insecticide "hautement toxique" qui a été interdit dans plus de 80 nations en raison de ses effets néfastes pour la santé. En 2016, le Bangladesh était l'un des rares pays qui autorisaient encore une utilisation restreinte de cette substance chimique. L'usage de ce pesticide est totalement banni aux Etats-Unis depuis la fin 2016 et depuis la fin 2005 dans l'Union européenne.
Selon l'étude, treize des quatorze enfants habitaient au milieu des arbres fruitiers ou à moins de dix mètres d'un verger.
Les résidents de la localité cités par les auteurs de l'étude, ont expliqué que les enfants jouent fréquemment dans les vergers et mangent les fruits qui sont tombés sur le sol sans les laver, utilisant leurs dents pour les éplucher.
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